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Le drame du coronavirus

Appel international de théâtrologie d’urgence


Publication : 30/03/2020
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Par dit Rabanel, professeur des Universités, Arts du spectacle et Études théâtrales. Université Côte d’Azur, CTEL

Cette contribution est disponible en version audio , en nissart (téléchargeable en bas de page), en vidéo et en version interprétée par Paul Chariéras

 

- I -

 

« […] mais ceux qui nous suivront, paieront en ce cas très cher notre égoïsme et notre lâcheté, maudiront justement notre mémoire. Si nous ne nous sentons pas capables de ce crime contre l’avenir, il nous faut comprendre dès maintenant que notre génération, et plusieurs autres encore sans doute, devront être sacrifiées au travail de restauration nécessaire, que ce sacrifice leur sera demandé, total […] / Nous nous sentons vivants parmi tant de malheureux qui déjà ont la ressemblance des morts, et c’est vrai que nous sommes vivants, si c’est vivre que respirer encore. Mais il faudrait que nous soyons deux fois, dix fois vivants, que nous ayons d’immenses disponibilités de vie – or nous vivons sur un petit capital de vie, nous ne saurions pas en distraire grand-chose pour nos frères sans risque de perdre le souffle. […] Rien n’est plus facile que de se persuader soi-même qu’on est vivant, très vivant, il suffit de gesticuler beaucoup, de parler beaucoup, d’échanger des idées comme on échange des sous, une idée en appelant une autre, comme les images, dans le déroulement des songes. »

 

Georges Bernanos, La France contre les robots, [1945-1946], Paris, Le Castor Astral, 2017, p. 168-168.

 

 

 

- II -

 

Nice, près du quartier des musiciens-Nice Étoile, où je suis consigné, le samedi 21 mars 2020, 17h25.

 

À situation pas ordinaire, intervention extraordinaire. Vous allez entendre la déclaration orale intitulée « Le drame du coronavirus[1] », enregistrée par le Professeur Jean-Pierre Triffaux, de l’Université Côte d’Azur, CTEL. Ce discours scientifique, qui est aussi par la force des événements un témoignage et un appel, fait suite à la demande de son laboratoire et de son établissement au sujet de « l’épisode singulier que nous traversons[2] », avec les répercussions de l'épidémie du COVID-19 sur « nos vies personnelles et professionnelles, notamment celle des laboratoires de recherche », et qui suscite des interrogations du côté du grand public[3] ».

 

D’entrée de jeu, permettez moi de compléter la citation précédente de Georges Bernanos que je viens de vous lire[4], en signalant une autre référence importante qui m’a accompagné, cette fois-ci sur le plan médical et non plus littéraire, il s’agit de la conférence du docteur Philippe Bossi sur « Les risques d’épidémies planétaires[5] ». Vous la retrouverez facilement en ligne et en accès libre sur Canal-U. Elle est à voir et à écouter jusqu’au bout. Le spécialiste évoque accessoirement la région de Nice. Vous pourrez vous faire une idée assez précise de ce que l’on pouvait déjà savoir sur les virus et les épidémies, le 3 février 2009, c’est-à-dire il y a dix ans, sans remonter plus haut dans l’histoire. Vous pourrez donc juger par vous même si ces connaissances scientifiques de l’époque ont été prises en compte, ou pas suffisamment, par les pouvoirs publics, en France et dans le monde. Car nous savons que la science, comme le virus, ne s’arrête pas aux frontières géographiques des pays.

 

 

Chères auditrices, chers auditeurs, 

Chères lectrices, chers lecteurs,

 

C'est depuis mon lieu de confinement, depuis maintenant seulement quatre jours et quatre nuits, avec les moyens du bord et dans l’urgence absolue, que je m'adresse à vous, mes étudiant.e.s, mes collègues, mes ami.e.s, le grand public, les personnes empêchées, celles et ceux qui n'ont pas d'abri pour se protéger et se confiner ; c’est pour vous aussi les professionnels et les soignants, qui sont sur le pont et tentent de sauver des vies à la chaîne, dans des conditions de guerre et de catastrophe sanitaire, que j’ai décidé de parler librement.

 

Si j’ai souhaité improviser mon propos oralement à partir de quelques notes, et non pas écrire directement un texte, c’est parce que j’ai pensé aussi aux non-voyants, à toutes celles et tous ceux qui n’ont pas une pratique assidue des articles, ni de la presse écrite. De plus, je considère aussi que, dans notre culture, le son, l’écoute ainsi que l’oralité méritent d’être revalorisés[6], par rapport aux autres modes de communication des connaissances, de diffusion des informations.

 

Or le choc que nous venons de subir démontre s’il le fallait d’une manière exemplaire que nous avons besoin de toutes les formes ou les modalités de présence humaine, de co-présence réelle, en direct, à distance ou différée, de technologies et d’inventions à notre disposition. Ne faisons pas confiance trop systématiquement à l’écrit pour communiquer avec le grand public. N’oublions pas celles et ceux qui ne sont pas en mesure d’écrire ou de lire. La crise sanitaire devrait nous amener à plus de solidarité, plus de fraternité, y compris dans l’enseignement et la recherche, tout autant que dans nos pratiques professionnelles courantes.

 

Voici la question que je me suis posée à moi-même, en reprenant et en scénarisant la demande de l’université et de mon laboratoire[7] : — En tant que théâtrologue et épistémologue de l’art vivant, professeur et chercheur d’Université Côte d’Azur,pourquoi Jean-Pierre Triffaux avez-vous répondu immédiatement, spontanément, à la sollicitation des instances universitaires, via votre laboratoire, le Centre transdisciplinaire d’épistémologie de la littérature et des arts vivants. Qu’est-ce qui vous a fait réagir en découvrant la situation créée par le coronavirus ? Pourquoi avez-vous eu envie de faire part de votre point de vue, notamment pour qu’il puisse éventuellement parvenir aux lecteurs ou, plus exactement dans votre cas, aux auditeurs non-experts, et ce via les réseaux sociaux et le site web de l’Université Côte d’Azur[8] ?

 

Voici maintenant la réponse qui m’est venue, sans m’y être tellement préparé : — C’est vrai, j’ai saisi la balle au bond sans complexe. Plusieurs raisons ont stimulé ma réaction. Elles ne sont pas toutes d’égale importance. Il y a des raisons institutionnelles, scientifiques, théoriques, pratiques, sociales, politiques, médiatiques, humaines et même culturelles et artistiques. Mais je ne vais pas me livrer ici à un examen approfondi et délicatement déployé. Dans les conditions de mon confinement actuel, ce n’est pas adapté, ce n’est pas le lieu pour s’y adonner. Et, de plus, j’ai le sentiment que ce serait prématuré d’analyser uniquement rationnellement l’actualité présente dans laquelle je suis moi-même impliqué, comme l’ensemble de la population et des habitants. 

 

Toutefois, en premier lieu, il faut comprendre que depuis des mois, dans mes recherches et mes cours, je traite un sujet proche du virus qui nous accable aujourd’hui, même s’il n’a pas les mêmes apparences, ni le même type de virulence scientifiquement observable. Non, l’ennemi que je traque est différent, il ne se situe pas sur le plan médical, biologique, épidémiologique, mais il sévit au théâtre, dans l’art, la culture, le social, l’éducation, les médias, la politique.

 

En effet, à partir des analyses expérimentales et empiriques que j’ai menées, j’ai découvert ce que j’ai appelé la « carev du zombi[9] ». En fait, j’ai conceptualisé et modélisé en une « combinatoire anti-artistique, régressive et violente » une série de phénomènes qui s’attaquent avec une animosité accrue notamment au drame et à la représentation. Et que l’on retrouve également dans l’existence courante et dans la vie sociale. 

 

Cette carev du mort-vivant est destructrice. Elle agit comme une sorte de virus ; elle attaque et désintègre le drame et la représentation. C’est une sorte de poison[10] culturel, artistique, social, politique. On a affaire à un ensemble de composants destructeurs agissant dans les œuvres, les pratiques, les ambiances et les atmosphères[11]. On les rencontre et on les expérimente non seulement dans le spectacle vivant, mais aussi dans la recherche, dans la société et le monde en général. 

 

C’est donc à partir de ce contexte précis que j’ai réagi par rapport au choc sanitaire entraîné par le covid-19. Les frontières entre la culture et la santé ne sont pas hermétiques. De même, les sciences et les arts ne sont pas sans échanges. Il se passe beaucoup de choses aux limites extrêmes des disciplines. Au niveau des interstices et des zones de frottement, là où l’innovation est susceptible d’émerger, là où les savoirs se réinventent. Par conséquent, sur ce point essentiel et contextuel, je ne m’attarderai pas. Mais je peux renvoyer les auditeurs et les auditrices, les lectrices et les lecteurs, à mon dernier livre professionnel qui vient de paraître: Rabanel, Du venin au théâtre et partout - Contre–représentation, Paris, L’Harmattan, 2020[12].

 

La thèse développée dans cet essai tourne autour de l’émergence de la présentification, du vivant-mourant de l’événement spectaculaire qui aboutit à la contre-représentation, et s’oppose à la reproduction, à la mimesis et à la duplication[13], telles que l’art ainsi que l’histoire nous les ont léguées, depuis les temps les plus reculés jusqu’à très récemment.

 

Les contingences imprévues dues à l’actualité établissent, sans aucune préméditation de ma part étant donné la date de parution de mon essai[14], le 22 janvier 2020, une analogie involontaire, surprenante, entre la dite carev[15] avec son venin perturbateur, sa conformation et sa représentation circulaires et simplifiées, sa coque sphérique, ses éléments évolutifs et composites internes, et la reproduction de l’organicité et du fonctionnement du « virus à couronne », le coronavirus[16], tel qu’il vient d’être identifié et décrit, au tout début des mois de février et mars 2020. 

 

En outre, je devais me rendre à Rome les 17 et 18 mars 2020[17] afin d’intervenir dans le cadre d’un colloque international sur « Spectacle, politique et médias » et je devais y intervenir pour parler d’un sujet qui fait froid au dos, en raison de cette coïncidence avec notre actualité. En effet, j’avais intitulée ma communication, comme par prémonition, « Quand l’esthétique du drame se réveillera ». Cette hypothèse que j’avais prévu de développer là-bas, en Italie, vient, malheureusement, de nous frapper concrètement, et cette fois-ci dans la réalité la plus concrète, tangible et sordide, qui dépasse mes pronostics les plus sombres, liés à mes investigations au carrefour de l’existence et de l’art dramatique. Donc, c’est un tout petit extrait de la matière que j’avais prévu de développer en Italie, que je vous livre en avant-première, ici, à Nice.

 

Mais aucun amalgame ni superposition homothétique ne sont à opérer entre la biologie et la théâtrologie[18]. Ce que je voudrais souligner encore une fois, aux marges et aux confins des disciplines, c’est qu’il y a une sorte de similarité conceptuelle, de rapprochement symbolique, schématique, historique, toute proportion gardée, entre, d’un côté, l’émergence de la carev dans le secteur artistique, théâtral, spectaculaire, éducatif, social, culturel et politique, et, de l’autre, l’apparition du covid-19, dans le secteur biologique, médical, de la santé, de la géopolitique, avec leurs crises respectives d’ordre culturel, sanitaire, économique et planétaire.

 

En outre, il y a certaines formes semblables de description, de transcription ou d’appréhension des composantes structurantes liées à la combinaison des influences violentes et aux dommages de l’épidémie virale, leurs impacts potentiels, et ce d’une manière troublante dans la mesure où cette coïncidence se trouve avoir une portée pédagogique, comparative, heuristique, alors qu’elle procède de méthode ou de type d’approche distincts, tout en aboutissant à des résultats forts éloignés et aux conséquences différentes.

 

Puisque, pour ce qui concerne la combinatoire venimeuse, il s’agit d’observer notamment des phénomènes au niveau du tissu social, collectif, relationnel, de l’état artistique, psychologique, cognitif des artistes, des individus, des citoyens, voire des vivants ; quant au coronavirus, il est question de scruter en particulier ce qui se passe au niveau des cellules du corps infectées par le virus, de la biologie, de la physiologie et de la santé des patients, des malades, voire des mourants. Une fois délivrées, ces considérations sont tout de même à mettre en réserve ou entre parenthèses.

 

À travers la mise en évidence de la « combinatoire anti-artistique[19] », il appert désormais que l’action dramatique, ses dimensions et son unité sont atteintes et défaites ; elles sont attaquées à la fois de l’extérieur et de l’intérieur.

 

Afin de faciliter l’approche du délitement du drame hypermoderne[20], j’ai identifié et sélectionné les sept facteurs ci-après :

 

1) La recrudescence de la haine et de l’hostilité envers le théâtre, à l’époque ultracontemporaine ;

2) Le surplomb inhibiteur de la créativité chez les apprenants et artistes-débutants, consécutif aux influences médiatiques néfastes ; 

3) Le blocage de l’autonomie de l’action dramatique, entraînant un repliement sur soi, une crainte, une peur du jugement et des effets de groupe pernicieux ; 

4) L’intervention de la présentification du vivant-mourant contre la représentation et la reproduction du réel ; 

5) La robotisation, la déshumanisation et la disruption affectant le phénomène spectaculaire, avec la domination du numérique et la dictature des identités et du communautarisme ; 

6) L’hybridation des composantes au sein du drame et ses retentissements interartistiques et hypermédiatiques ; 

7) La sidération de la réception chez les spectateurs, suite à des expériences limites traumatisantes et radicales.

 

Par conséquent, vu les écarts notables que révèle l’expertise de l’art dramatique de l’extrême actuel, par rapport aux standards académiques initiaux, l’on pourrait, certes, conclure à la mort ou bien à la fin du drame, à l’instar d’autres déclarations marquant les bornes terminales : celles de l’histoire, avec les deux essais intitulés La Fin de l’histoire et le Dernier homme[21], puis La Fin de l’homme - Les conséquences de la révolution biotechnologique[22], du politologue américain Francis Fukuyama, puis de l’amour, avec « l’enquête sur un désarroi contemporain » d’Eva Illouz, La Fin de l’amour[23], ou également de la littérature, avec le dernier séminaire du professeur Antoine Compagnon, au Collège de France, qui a pour titre « Fins de la littérature[24] » et qui examine les « styles de vieillesse », ou encore des Beaux-Arts, avec l’article « Malraux et la fin du système français des Beaux-Arts[25] », de Marc Fumaroli, historien et critique littéraire, spécialiste du xviie siècle et membre de l’Académie française, pour ne citer que ces quelques exemples.

 

Dans La Fin de l’amour, la sociologue, directrice d’études à l’EHESS à Paris, déclare : « Ce livre étudie les conditions culturelles et sociales à l’origine d’une caractéristique désormais ordinaire des relations sexuelles et amoureuses : le fait que, presque immanquablement, elles prennent fin. Le “non-amour” est en effet un terrain privilégié pour comprendre comment est en train de se créer, au croisement du capitalisme, de la sexualité, des rapports entre les sexes et de la technologie, une nouvelle forme de (non-) sociabilité. […] L’analyse de la désorganisation de la vie privée et intime ne peut en aucun cas être laissée à la seule psychologie […] La sociologie […] veut montrer en particulier que les expériences psychologiques – pulsions, conflits intérieurs, désirs ou angoisses – jouent et rejouent les drames non de l’enfance mais de la vie collective, et que notre expérience subjective est un reflet et un prolongement des structures sociales, incarnées et vécues au travers des émotions[26]. »

 

De même, dans le même élan qui explore le terme ultime d’une réalité, d’un sentiment, d’un art, d’une ère, d’une époque, d’une vie, j’aurais pu annoncer ici aussi la « fin du drame », et j’ai hésité, je l’avoue. Mais ce type de point de vue, de conclusion provisoire, anticiperait trop nettement, à mon avis, sur un devenir dont nous ignorons bon nombre d’aspects futurs, en particulier les capacités de rebond, de réinvention inhérentes aux arts ainsi qu’à la créativité. Car même si j’y vois un intérêt métaphorique et poétique, même si je peux avancer que l’harmonie d’ensemble de l’art dramatique a été désintégrée en mille morceaux par la postmodernité, que le drame est désormais devenu gazeux et évanescent[27], je ne parlerai pas de la fin du drame, sur le modèle de la fin de l’histoire, de la littérature, de l’amour, comme je viens de l’indiquer, ou même de l’obsolescence de l’homme, à la manière de Günther Anders[28].

 

En effet, ce serait, au stade où en est l’état des lieux du théâtre-spectacle présentement, ce serait un excès médiatique, un abus scientifique, que d’affirmer catégoriquement que l’action dramatique est morte. Il est vrai que souvent – et j’attire l’attention de l’auditeur et du lecteur quand il s’agit de l’intérêt de la vérité, dans le domaine de la recherche ou de la science, qui se voit malmené – le marketing éditorial a tendance à pousser le bouchon un peu loin, pour faire vendre les livres, en incitant les auteurs à utiliser des titres chocs, des intitulés trompeurs, en voici quelques exemples tirés d’un recueil aléatoire : Pourquoi les paysans vont sauver le mondeL’Art de la victoireÇa ne marche jamaisLa Parole est un sport de combatLe Ciel en cageFais de ta vie un rêve et de ton rêve une réalité[29].

 

Ce que je veux dire, en fait, c’est que la messe n’est pas encore dite au sujet de la fin ou de la mort du drame. Et on va le voir tout de suite avec le réveil inopiné de sa structure et de son esthétique. Contrairement, sans doute, à la littérature et à la sociologie, notamment, qui paraissent se fier plus volontiers à un état stable, à un objet d’étude figé, dans les arts du spectacle vivant et au théâtre, tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Même si cela peut sembler naïf, vu de loin, c’est ainsi. Tout peut changer en un instant. Rien n’est assuré et immortalisé. La production spectaculaire s’effectuant en flux continu, les œuvres et les pratiques en développement sont susceptibles, comme la vie elle-même[30], d’inverser certaines tendances majeures, de changer le cours habituel des choses.

 

Ce qui importe de savoir, ce n’est pas l’évidence qui accompagne la désuétude obligatoire des styles, des manières de créer propres à l’art, en tant que ce dernier est soumis par définition au nouveau, au besoin impératif de se renouveler, mais c’est de comprendre si les évolutions artistiques constatées sont irréversibles quand elles concernent l’humain et le vivant. Car, comme l’écrit le philosophe espagnol, José Ortega y Gasset, dans son petit opuscule La Déshumanisation de l’art[31] : « En art toute répétition est nulle. Tout style qui apparaît dans l’histoire peut engendrer un certain nombre de formes différentes au sein d’un même genre. Mais un jour, la magnifique source se tarit. C’est ce qui est arrivé, par exemple, dans le roman et dans le théâtre romantico-naturalistes. C’est une erreur naïve de croire que la stérilité actuelle de ces deux genres est due à l’absence de talents personnels. En réalité, les combinaisons possibles sont épuisées. »

 

C’est la raison pour laquelle dans ce secteur, comme dans celui de la médecine ou de la biologie – et le cas grave et mondial qui nous occupe aujourd’hui, à savoir celui du « virus en couronne » (coronavirus de Wuhan), en est la parfaite illustration –, il n’est pas possible de se prononcer définitivement, à ce jour, sur le traitement le mieux adapté pour l’éradiquer[32], en raison du nécessaire suivi évolutif que la science doit effectuer, au cas par cas et au jour le jour. La science du théâtre est elle-même soumise aux mêmes nécessités expérimentales, d’adaptation et d’approximation en permanence[33].

 

Si l’on a pu penser qu’après avoir théorisé l’émergence du venin au théâtre et partout ailleurs dans la société[34], le monde et l’éducation, le fond du malaise serait atteint[35], c’était sans compter les nouvelles épreuves que le covid-19[36] vient de fournir à la combinatoire zombiesque et environnementale identifiée récemment[37].

 

La crise sanitaire ainsi que ses attributs immédiats et ses conséquences plurifactorielles ont leur mot à dire, tant sur le plan de la noirceur que de la propagation du mal. De nouveaux ennemis s’ajoutent donc à la longue liste des indices déjà répertoriés[38], analysés, non seulement comme des empêcheurs de tourner en rond, mais en plus comme de sérieux obstacles régressifs, cruels, contrecarrant la création ou s’opposant au développement artistique.

 

Néanmoins, afin d’éviter de lire l’avenir dans une boule de cristal en présageant le pire, ce qui est certain c’est que, face à une situation aussi incertaine, voire ambiguë qui mêle, intrique, comme jamais auparavant, intelligence humaine et intelligence artificielle, monde réel et univers fictif, posthumanisme, transhumanisme et spectre du technologisme[39], il apparaît préférable de postuler l’émergence d’une action dramatique rénovée, d’une sorte de nouveau drame que je nommerai d’une manière relativement neutre « drame posthumain ».

 

Ainsi, si rien de définitif n’est encore pronostiqué, bien sûr, sauf pour la trop longue liste des morts qui s’allonge imperturbablement tous les jours[40], alors que la pandémie fait ses ravages autour de nous et sur la Terre entière, déjà cette tragédie, qui vient de s’abattre sur nous, devrait nous transformer radicalement, ainsi que nos propres habitudes, nos vies, nos disciplines et nos arts.

 

Par ailleurs, si j’ai souhaité m’en tenir à ce message oral[41], c’est aussi afin de faire valoir un avis plus spontané et plus libre. Car la science et la société, et en particulier les différentes catégories de public, en raison de leur fragmentation notamment mais pas uniquement, ont besoin de découvrir les coulisses de la recherche, ce qui est souvent caché ou dissimulé au peuple. Il y a un problème d’accès à la connaissance et à son arrière-boutique. Il faut donner les moyens à chacun de forger son jugement, d’établir une vérité de plus en plus complexe, souvent malmenée, manipulée et faussée. 

 

D’où l’importance de réunir des points de vue contradictoires provenant d’horizon variés. À partir de là, notre responsabilité en tant que spécialiste, expert, enseignant, chercheur, est de fournir les clés de la compréhension, de dire aussi explicitement ce que nous ne savons pas et pourquoi. Pour ce faire, dans une société démocratique, libre comme la nôtre, on ne peut pas faire l’économie du débat, ni des dissensus, ni de la maïeutique, ni des controverses, ni de la critique, ni du dialogue, qui n’a rien à voir pour sa part avec le débat[42], dans un milieu scientifique ouvert, responsable, innovant. Bien entendu, tout cela doit être préparé, pensé, organisé, animé, mais sans pour autant être trop encadré et encore moins passé sous silence. La censure est la pire des choses en la matière[43]. 

 

Parmi les premières motivations qui m’ont conduit à intervenir sur ce sujet et dans ces conditions, je dois faire une confidence et un aveu : j’attendais cela depuis au moins un quart de siècle en tant que chercheur. Encore le jeudi 12 mars 2020, lorsque j’ai effectué mes derniers cours en présentiel, que j’ai laissé entendre à mes étudiant.e.s, alors que rien n’était encore décidé par les pouvoirs publics au sujet de l’arrêt des activités et du confinement de la population, que c’étaient sans doute nos dernières séances de l’année. Ce qui était vrai pour certains cours et faux pour d’autres, si l’on se fie au calendrier officiel de mon emploi du temps. 

 

On s’est quitté.e.s avec une certaine nostalgie empreinte de crainte : « — Au revoir, Monsieur, vivement que l’on se retrouve ; la fin de l’année va être longue sans vos cours ! », se sont exclamé.e.s mes étudiant.e.s. Et le professeur a répondu du tac au tac : « — Pour moi aussi, c’est vrai, je sens que cela va être long de ne plus vous voir, de ne plus travailler avec vous, chaque semaine, sur le plateau et dans l’Amphi 75 des arts vivants ! C’est ainsi. C’est la vie. Ne perdons pas courage. Travaillez bien vos examens. Ah bientôt ! Prenez soin de vous ! » Puis un long silence a suivi ces dernières paroles… J'ai fermé la porte. Et tel une sorte de zombi – voilà une réminiscence de mon dernier ouvrage, Du venin au théâtre et partout, dont je viens de vous dire quelques mots[44] –, je suis allé au point de sécurité de la faculté remettre la « clé du Paradis ». La clé du Paradis, c’est l’expression créée avec mes étudiant.e.s pour désigner la salle où se trouve le plateau, la scène, où nous nous exerçons aux pratiques du théâtre, chaque semaine.

 

Or, jusqu’à aujourd’hui, je ne croyais même plus possible que des instances universitaires pensent à solliciter la base et le terrain, l’immense corps varié de ses enseignants-chercheurs, et ce – j’insiste – toutes disciplines de recherche confondues. C’EST UN ÉVÉNEMENT UNIQUE, CAPITAL. QUASIMENT IMPROBABLE. ET POURTANT, NON !, MES CRAINTES VIENNENT D’ÊTRE DEMENTIES. TANT MIEUX. J’ESPÈRE QUE C’EST LE DÉBUT D’UNE NOUVELLE ÈRE UNIVERSITAIRE POUR LA RECHERCHE FONDAMENTALE ET APPLIQUÉE, POUR LA RECHERCHE-CRÉATION MONODISCIPLINAIRE, PLURIDISCIPLINAIRE, TRANSDISCIPLINAIRE, INTERDISCIPLINAIRE, INDISCIPLINAIRE. BRAVO POUR CETTE BELLE INITIATIVE ! ET MALHEUR AU CORONAVIRUS ! 

 

Si je dis cela, c’est parce que j’ai l’honneur et le bonheur, en 25 ans de présence à Nice, d’avoir rencontré des collègues, chercheurs, pédagogues, spécialistes des littératures et des arts vivants d’une haute exigence, avec une érudition large, solide, diverse. Ces personnes, ces expertes, ces scientifiques ont leur mot à dire, me semble-t-il, en tout temps, et plus que jamais d’ailleurs dans la situation actuelle. IL FAUDRAIT POUVOIR LES ENTENDRE, LES ÉCOUTER. Non seulement en ce qui concerne les problèmes scientifiques et culturels que pose cette épidémie catastrophique, mais aussi pour prendre en compte leurs suggestions, leurs solutions, leurs préconisations… 

 

Ne pas croire que Le Malade imaginaire de Molière, que Le Théâtre et la peste d’Artaud, que La Peste de Camus, que L’Aveuglementde Saramago,  sans évoquer le Jean-Sébastien Bach du violoniste-virtuose Renaud Capuçon, qui « la semaine passée, avait enjoint sur Twitter : “Écouter Bach. Et prier”. Le cœur de Renaud Capuçon a la sensibilité d'un sismographe[45] », et j’en passe des meilleurs. 

 

Ne pas croire que ces auteurs, ces écrivains, ces musiciens, ces créateurs n’ont rien à faire par rapport à la réalité et à la fiction dans lesquelles le covid-19 vient de nous faire basculer brutalement. En plus des réflexions scientifiques, des articles, des témoignages, des remèdes artistiques et thérapeutiques, il est bienvenu de communiquer d’une toute autre façon, tant sur le fond que sur la forme. C’est pourquoi, outre les écrits à lire, il faudrait pouvoir laissé la place également aux sons, aux images, à la musique, à la poésie, au théâtre, à la lecture à haute voix, aux conseils de lecture transhistoriques que nos collègues du CTEL[46] sont en capacité de prodiguer, pour aider à mieux comprendre ce qui nous arrive, pour identifier et contextualiser plus finement la palette des émotions, les quarts de ton des événements qui nous assaillent. Et ce afin de traverser cette période bouleversante, d’essayer de rasséréner nos esprits, nos corps, nos âmes.

 

Face à la situation historique présente, inédite, je vois personnellement trois niveaux à conjuguer et à ménager[47]. Tout d’abord le niveau un : celui de la prise en compte des émotions et des sensations avec la solidarité humaine et la fraternité qui vont avec. Puis le  niveau deux : celui de la détermination d’une direction et de nouvelles perspectives. Et enfin le niveau trois : celui de l’émergence de formes novatrices de créativité et de signification. Il faudrait détailler tout cela mais je n’en ai pas le temps. Face à l’électrochoc collectif et mondial auquel nous sommes désormais soumis, il est recommandé de ne pas isoler, survaloriser ou éliminer des aspects qui pourraient s’avérer à terme plus importants qu’il n’y paraît, dans un premier temps.

 

Bien sûr, dans mon approche, je n’exclus pas les dimensions sanitaires et humaines qui, présentement alors que j’improvise ce discours le 21 mars 2020, sont les seules capitales : je veux dire celles qui consistent sur le terrain à sauver des vies, dans les cabinets, les hôpitaux, les structures provisoires ou transitoires de campagne et de guerre contre le virus[48]. Au niveau de ce que j’appellerai la dramaturgie de la crise sanitaire, en raison de mes spécialités, j’insisterai sur le fait le plus manifeste : c’est-à-dire la rupture sidérante, le hiatus entre ce qui se passe concrètement dans les unités de soin qui voient affluer des malades, jours et nuits, et ce que l’on observe[49] dans les rues des villes, les parcs et les jardins, les places, les chemins, etc.

 

Deux réalités opposées entre en confrontation ; elles se désagrègent ; elles se dissolvent l’une par l’autre, et réciproquement ; elles volent en éclats. D’un côté l’urgence vitale et la mort, de l’autre l’insouciance et la continuation des habitudes. Je ne dis pas cela pour stigmatiser la seconde. Non ! car ce n’est pas aussi simple. Il n’y a pas d’une part les bons et de l’autre les mauvais. S’il est nécessaire à ce stade, sans retenue, de faire bloc avec tous les infectiologues, les médecins, les urgentistes, les soignants, la situation d’opposition qui apparaît saisissante, glaçante, méritera que l’on s’y intéresse avec une plus grande attention, après les événements les plus dramatiques, voire sordides. Il faudra la décrypter dans ses moindres recoins, mais c’est bien trop tôt pour le faire. Gardons cela en réserve. Des réflexions et des travaux de recherche à venir seront à entreprendre sur ce point singulier qui fait surgir une sorte de symptôme social, culturel, médiatique et politique.

 

Étant donné les circonstances exceptionnelles, j’ai lu avec beaucoup de plaisir et d’intérêt les différentes réactions des collègues de mon laboratoire[50], sur cette question liée au covid-19 et aux chamboulements qu’il vient d’entraîner dans notre milieu professionnel et notre vie courante. 

 

Voici la contribution spontanée[51] que j’ai adressée à mes consœurs et confrères, sous la forme d’un message rapidement griffonné[52] :

 

« — En temps de guerre contre le virus, le poison ou le venin[53], et durant une période indéterminée, aucun des sujets dont nous nous occupons ne me semble plus en dehors du périmètre du coronavirus. Comme ils disent, il faut “réinitialiser tous nos logiciels”, y compris ceux du cerveau et du corps, ceux de nos disciplines respectives[54]. C’est ainsi ! Non seulement la liberté d’expression et de création mais aussi la censure[55] et les nouvelles formes de moralité peuvent TUER. Je n’oublierai pas qu’un jeune médecin chinois est mort[56] pour avoir tenté d’alerter la communauté scientifique. Je n’oublierai pas cette cohorte de corbillards à Bergame, en Italie, à l’entrée du cimetière[57]. Je n’oublierai pas avoir découvert à cette occasion une autre occurrence existentielle de ce que j’avais mis au jour, dans mes travaux précédents, à travers la notion de “tridramatisme” ou de feuilletage des drames, à savoir le drame absolu ou le drame des drames, celui qui consiste à ne pas pouvoir accompagner physiquement les mourants du coronavirus, pour les proches et les familles; à ne pas pouvoir toucher, communier avec les personnes en fin de vie, car la contagiosité de la maladie interdit tout contact, toute caresse pendant l’agonie et au-delà. Je n’oublierai pas avoir entendu tout et n’importe quoi au sujet du virus, alors que les incertitudes ne pouvaient être que majeures, au vu des connaissances disponibles et forcément évolutives[58]. Il est “normal” que les spécialistes, théoriciens, cliniciens, médecins, urgentistes, infirmiers, ne soient pas unanimes[59] dans la manière d’appréhender ce type de pathologie infectieuse émergente, ses symptômes, ses traitements, ses évolutions potentielles dans le temps, compte tenu des limites et des insuffisances constatées au niveau des savoirs. C’est souvent ainsi dans ce type de contexte. D’où les hésitations, les contradictions, les contrevérités quand il s’agit d’aboutir à un avis ferme, définitif et commun pour ce qui concerne les conséquences relatives au manque de masques, de gel hydro-alcoolique, de respirateurs, les bienfaits des gestes barrières, de la distanciation sociale, des mesures de protection et de confinement, de la fermeture des frontières[60].

 

Et on a du mal à ne pas penser à Molière à ce moment-là, qui se serait moqué volontiers de cette situation, de ces paradoxes, de ces excès, car il nous a superbement enseigné la médecine ! En revanche si le dissensus médical est dans l’ordre des choses puisque la médecine n’est pas une science exacte dans ce cadre[61], ce qui ne convient pas c’est plutôt la communication de crise sur le coronavirus[62]. Mais ce n’est pas étonnant avec les réseaux sociaux et l’impact de l’information planétaire et numérique. Les prises de parole officielles apparaissent chaotiques, voire “trompeuses”[63].

 

D’où peut-être la motivation qui fonde la demande de l’Université Côte d’Azur[64] que l’on peut alors comprendre tout à fait, mais à condition de l’expliciter. Une communication de crise doit tenter de se caler le mieux possible sur les données les plus fiables, liées au contexte scientifique et à la crise sanitaire. C’est la raison pour laquelle la censure est la pire des choses[65] : elle tue. Je l’ai déjà dit. Mais l’inconséquence en matière de communication n’est pas mieux : elle tue aussi. 

 

On est dans la zone grise entre science et communication-information, science et conscience, médecine et éthique, crise sanitaire, politique et médias, savoirs, éthique et presse. Or dire une “vérité relative et évolutive”, c’est affirmer clairement que les experts ne sont pas en mesure d’être d’accord, car le virus est surgissant, la situation nouvelle, la science expérimentale, le manque de recul évident, l’impréparation manifeste[66], et ce malgré l’état de la science et les alertes connues[67] ; c’est souligner qu’en conséquence il est préférable et responsable de faire valoir le principe de précaution. Et ce afin de protéger la population, d’essayer de sauver, si possible, encore des vies. 

 

En résumé, compte tenu des informations à ma disposition à ce jour, il me semble que l’excellence a connu un retard à l’allumage. Toutefois cela reste encore à être vérifié et démontré, sur différents aspects complexes, épidémiques, juridiques, administratifs, politiques, etc. Espérons que la leçon sera tirée. Je le voudrais, bien sûr. Mais j’ai des doutes. De même, sur un tout autre plan, je suis un peu étonné quand on insiste trop sur la critique des médecins par Molière. C’est vrai, bien sûr, d’un certain côté évident, apparent, du Malade imaginaire[68], sans doute la plus grande et belle pièce écrite et imprimée sur le sujet. Mais Molière-acteur, Molière-vivant et jouant Argan, c’est-à-dire le personnage de fiction avec sa totale confiance en la médecine : cela dirait-il[69] exactement la même chose ? Ce n’est pas du tout certain. Que savons-nous de ce vivant-là : Molière-médecin-acteur ? 

 

Pour ma part, je ne verrai aucun inconvénient à ce que ces échanges d’idées remontent auprès de nos instances dans la mesure où la demande faite par notre établissement est, à mon avis, EXCEPTIONNELLE à tous les points de vue, en particulier sur le plan éthique. L’appel du pied, la consultation des laboratoires est large et ouverte. Il s’agit d'intervenir “sur différents sujets en lien avec le coronavirus : sanitaire, biologique, statistiques, sociologique, psychologique, éducatif, économique, international, réglementaire, philosophique, etc.[70]” Le message envoyé prend en effet en compte la complexité du sujet à traiter. Et les littératures et les arts vivants, bien évidemment, peuvent avoir une expertise à faire valoir, un point de vue autre qu’uniquement journalistique très, très, utile… 

 

Donc, il ne faudrait plus exclure des comités d’expert et d’éthique traitant des problèmes scientifiques, sanitaires, de la communication de crise, etc., ni le théâtre, ni les arts performatifs, ni la poésie, ni les littératures, ni la danse, ni la musique, même si les avis de ces disciplines peuvent apparaître parfois marginaux, décalés, aux collègues des “sciences inhumaines”. 

À titre personnel, outre Antonin Artaud, Le théâtre et la peste, que je consulte souvent et encore plus dans la période présente, je vais relire José Saramago, L’Aveuglement. Cela fait partie, me semble-t-il, du nouveau monde à inventer, des nouvelles solidarités qui sont sur la table. J’ai cru comprendre que nous étions toutes et tous invité.e.s à y participer, d’une manière ou d’une autre. À la bonne heure ! »

 

Maintenant que nous savons toutes et tous que nos étudiant.e.s nous ont été arraché.e.s par la pandémie, par la force des événements, par l’impréparation aussi face au virus ; maintenant que nous savons par une expérience commune irremplaçable que rien ne peut suppléer l’absence de la co-présence, du contact direct, de la force des regards, de la chaleur des corps, des vibrations, des ondes, proches et sensibles, des cœurs qui battent à l’unisson ; maintenant que nous savons que tout le reste, la téléprésence, la visioconférence, les communications à distance, les hologrammes, ne peuvent être que des substituts, des pis-allers, des technologies sophistiquées de fortune, certes utiles en situation de crise, mais qui ne pourront jamais, au grand jamais, remplacer le corps, le visage, les yeux, le toucher, les mots, les formes, les couleurs, les odeurs, les signes réels de nos semblables, les êtres vivants, les humains, les animaux, les végétaux, j’espère que vous me pardonnerez de me lâcher de la sorte, dans des conditions de travail et de sérénité anormales, de fermeture des bibliothèques, des librairies, des musées, des salles de spectacle, de cinéma, des frontières, le couvre-feu presque total suscitant un désarroi local, national, international, en partageant avec moi notre pauvre sort commun, d’assignation à résidence. 

 

Et pour conclure ce tour d’horizon baroque et sincère, je citerai une réplique de Claudine, dans George Dandin ou le Mari confondu, de Molière :  « — Hélas ! que le monde aujourd’hui est rempli de méchanceté, de m’aller soupçonner ainsi, moi, qui suis l’innocence même ![71] » Voilà. Prenez soin de vous et de vos proches. Le Professeur Jean-Pierre Triffaux, dit Rabanel, Arts du spectacle et Études théâtrales, école universitaire de recherche CREATES, Graduate school of Arts and Humanities.



[1] Cet appel (ce témoignage, cette déclaration, ce discours, ce « texte ») de théâtrologie d’urgence (de théâtrologie et d’épistémologie de catastrophe, de théâtrologie et d’épistémologie de guerre) a d’abord été parlé, improvisé et enregistré à partir d’une trame et d’une série de notes éparses. Une partie de sa matière est tirée de la communication qui s’intitule « Quand l’esthétique du drame se réveillera », qui devait être prononcée à l’origine dans le cadre du colloque international, « Spectacle, politique et médias », à l’Academia Belgica (Rome, Italie). Cette rencontre scientifique, qui devait se dérouler les 17-18 mars 2020, a dû être reporté suite à la pandémie du coronavirus. Voici un extrait du message officiel du Pr André Helbo, académicien (Académie royale de Belgique) et organisateur de cette manifestation avec Élodie Verlinden, maître d’enseignement et logisticienne de recherche, Université libre de Bruxelles : « Dans le prolongement des mesures prises par le gouvernement italien pour lutter contre l’épidémie de Coronavirus, toutes les manifestations prévues prochainement à l’Academia Belgica sont reportées. La visite d’État des autorités belges à l’Academia Belgica, qui devait avoir lieu ce mois-ci, est également annulée. En conséquence, notre colloque doit être postposé. Nous sommes désolés de cette situation. Nous espérons néanmoins que l’occasion qui nous a été donnée de collaborer sera l’amorce d’un projet commun durable. Nous reprendrons bientôt contact pour reprogrammer le symposium en automne 2020 […] », courriel du 05/03/2020. Cf. le site internet spécifique : <https://sites.google.com/view/spectacle-politique-medias/accueil> et l'événement Facebook : <https://www.facebook.com/events/189726489045246/> (sites consultés le 24/03/2020).

[2] Extrait du courriel du 18/03/2020 intitulé « Coronavirus - Échanges avec la presse » émis par le vice-président Recherche & Innovation de l’Université Côte d’Azur et transmis par la directrice du laboratoire CTEL, <http://unice.fr/laboratoires/ctel/fr> (site consulté le 24/03/2020).

[3] Idem.

[4] Cf. ci-dessus et l’appel enregistré.

[5]Cf. <https://www.canal-u.tv/video/universite_de_tous_les_savoirs_au_lycee/les_risques_d_epidemies_planetaires_philippe_bossi.4366>

(site consulté le 24/03/2020).

[6] Cf. <http://classes.bnf.fr/echo/index.php> (site consulté le 24/03/2020).

[7] Cf. supra.

[8] Cf. <https://cdn-univ.fr/web/coronavirus#.Xnm6PC17RKh> (site consulté le 24/03/2020).

[9] carev (combinatoire anti-artistique régressive et violente du xxie siècle), carev de la contre-représentation, carev du mort-vivant. Voir Rabanel, Du venin au théâtre et partout - Contre-représentation, Paris, L’Harmattan, collection « Univers théâtral », 2020.

[10] Consulter Carole Talon-Hugon : « Un poison à effet de diffusion lent », in Revue Cités, L’œuvre d’art à l’époque de la marchandisation de la culture, n° 75, 2018/3, p. 57-68 ; L’Art victime de l’esthétique, Paris, Hermann Éditeurs, 2014. 


[11] Lire Yves Michaud, L’Art à l’état gazeux - Essai sur le triomphe de l’esthétique, Paris, Librairie Arthème Fayard/Pluriel, 2010. 

[12]Cf. <https://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=65046> ; 

<http://www.editions-harmattan.fr/catalogue/couv/aplat/9782343192543.pdf> (sites consultés le 24/03/2020).

[13] Cf. Jean-Pierre Triffaux, « Représentation ou présentification - Les enjeux du “Vivant-Mourant” dans les arts du spectacle », La Thérésienne [En ligne], 2019 / 2 : Les frontières de la re-présentation, URL :

<https://popups.uliege.be:443/2593-4228/index.php?id=891> (site consulté le 08/10/2019) ; André Helbo, « Mentir », La Thérésienne [En ligne], 2019 / 2 : Les frontières de la re-présentation, 73-80 URL :

<https://popups.uliege.be:443/2593-4228/index.php?id=751> (site consulté le 24/09/2019). Lire Revue Degrés, « Frontières de la re-présentation » (numéro composé par André Helbo), n° 180-181, hiver 2019 - printemps 2020.

[14] Rabanel, Du venin au théâtre et partout - Contre-représentationop. cit.

[15] Cf. supra.

[16] Cf. <https://fr.wikipedia.org/wiki/Coronavirus#/media/Fichier:SARS-CoV-2_without_background.png> ;

 <https://www.sciencesetavenir.fr/tag_maladie/coronavirus_10130/> ;

<https://fr.wikipedia.org/wiki/Coronavirus> ;

<https://fr.wikipedia.org/wiki/Maladie_à_coronavirus_2019> ; <https://fr.wikipedia.org/wiki/Pandémie_de_maladie_à_coronavirus_de_2019-2020>  (sites consultés le 24/03/2020).

[17] Cf. supra et le site internet spécifique : <https://sites.google.com/view/spectacle-politique-medias/accueil> et l'événement Facebook : <https://www.facebook.com/events/189726489045246/> (sites consultés le 24/03/2020).

[18] D’ailleurs, j’ai dû recourir pour la première fois dans ma carrière universitaire à l’expression « théâtrologie d’urgence », d’où le sous-titre de ce discours-témoignage, qui est aussi un appel, dans les circonstances exceptionnelles et sanitaires présentes. Voir Rabanel, Épistémologie de l’art vivant - L’Inversion au cœur du spectacle, Paris, L’Harmattan, 2017 ; Spectateurs sidérés, ou L’Allégorie du Goéland, Paris, L’Harmattan, 2016 Le Feu sacré du théâtre - Manifeste du réinventisme, Paris, L’Harmattan, 2016 ; Génie du carnaval - Quand le savoir bascule, Paris, L’Harmattan, 2016 ; Théâtrologie/1 - Le Théâtre réinventé, Paris, L’Harmattan, 2003 ; L’Interdiction du théâtre - Éloge du dialogue et du vivant, Sampzon, Éditions Delatour France, 2014.

[19] Cf. supra.

[20] Consulter Rabanel, Du venin au théâtre et partout - Contre-représentationop. cit.

[21] Paris, Flammarion, collection « Histoire », 1992.

[22] Paris, La Table ronde, 2002.

[23] Paris, Éditions du Seuil, 2020.

[24]Cf. 

<https://www.college-de-france.fr/media/antoine-compagnon/UPL442372485828175741_Compagnon_Seminaires_2020.pdf> ;

<http://www.college-de-france.fr/site/antoine-compagnon/course-2020-01-14-16h30.htm>

(sites consultés le 02/03/2020). 

[25] Lire Marc Fumaroli, « Malraux et la fin du système français des Beaux-Arts », Commentaire, 2008/4 (Numéro 124), p. 1045-1064. DOI : 10.3917/comm.124.1045. URL : <https://www.cairn.info/revue-commentaire-2008-4-page-1045.htm> (site consulté le 02/03/2020).

[26] In La Fin de l’amour - Enquête sur un désarroi contemporainop. cit., p. 12 et 14.

[27] Consulter Yves Michaud, L’Art à l’état gazeux - Essai sur le triomphe de l’esthétique, op. cit.

[28] Voir L’Obsolescence de l’homme - Sur l’âme à l’époque de la deuxième révolution industrielle (1956), tome 1, Paris, Éditions Ivrea et Éditions de l’Encyclopédie des Nuisances, 2002 ; L’Obsolescence de l’homme - Sur la destruction de la vie à l’époque de la troisième révolution industrielle, tome 2, Paris, Éditions Fario, 2011.

[29] Titres sélectionnés sur les présentoirs de la Librairie Fnac, à Nice, le 07/03/2020.

[30] C’est le cas lorsqu’une maladie contagieuse sévit. L’épidémie ou la pandémie change l’ordre des choses. C’est le cas avec la peste, le choléra, le coronavirus. De même, dans certaines conditions singulières, le théâtre peut entraîner, de proche en proche, des effets contagieux. Voir Antonin Artaud, Le Théâtre et son double, Paris, Éditions Gallimard, 1964.

[31] Paris, Éditions Allia, 2019.

[32]Cf. la polémique autour de la chloroquine : https://jeanyvesnau.com/2020/02/27/coronavirus-et-polemique-sur-la-chloroquine-le-pr-didier-raoult-sexplique-dans-les-echos/ (site consulté le 24/03/2020).

[33] Voir Rabanel, Du venin au théâtre et partout - Contre-représentationop. cit.

[34] Idem. Ce n’est pas le cas dans cet essai puisque j’y annonce déjà la suite et l’opus suivant déjà en chantier. Il traitera du « drame posthumain ».

[35] Le 22 janvier 2020 quand Du venin au théâtre est paru, je ne pouvais pas encore réaliser à quel point la théâtrologie de l’urgence, uniquement en préfiguration et en veille dans cet opus (j’ai bien décrit la combinatoire et le réceptacle, le creuset et le nid venimeux, sur le plan théâtral, culturel, social, éducatif et politique, mais je n’avais pas formalisé cette notion de théâtrologie et d’épistémologie de catastrophe et de guerre, dans la mesure où il manquait une donnée vitale et virale essentielle, celle de la maladie à grande échelle, de l’infection, de l’épidémie, de la contagion et de la re-mort du zombi, de la re-mort du mort-vivant), allait se concrétiser et s’illustrer pleinement, prendre tout son sens et son déploiement, quelques jours après avec l’apparition du coronavirus, la propagation de l’infection mondiale, la crise planétaire, sanitaire, sociale, économique, géopolitique, financière.

[36] En côtoyant la carev du zombi, ou en la rencontrant, en s’y confrontant, en s’y conjuguant, en s’y associant, etc. ?

[37] Consulter Rabanel, Du venin au théâtre et partout - Contre-représentationop. cit.

[38] Idem.

[39] Cf.

<http://www.lemonde.fr/bioethique/article/2018/04/08/jacques-testart-nous-allons-vers-une-humanite-a-deux-vitesses_5282382_5243590.html?xtor=RSS-3208>

(site consulté le 10/04/2018) ; <https://www.journaldemontreal.com/2019/02/21/contre-le-technologisme> (site consulté le 24/03/2020) ; Gilbert Hottois, Le Transhumanisme est-il un humanisme ? Bruxelles, Académie royale de Belgique, 2014 ; Pascal Picq, Le Nouvel Âge de l’humanité - Les défis du transhumanisme expliqués à une lycéenne, Paris, Allary Éditions, 2018 ; Isabelle Moindrot et Sanghyu Shin, Transhumanités - Fictions, formes et usages de l’humain dans les arts contemporains, Paris, L’Harmattan, 2013 ; Giovanni Pico della Mirandola, De la dignité de l’homme - Hominis dignitate (traduit du latin par Yves Hersant), Paris, Éditions de l’éclat, 1993 ; Edgar Morin, Le Paradigme perdu : la nature humaine, Paris, Éditions du Seuil, 1973.

[40] Cf. <https://fr.statista.com/statistiques/1101324/morts-coronavirus-monde/> ;

<https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/coronavirus-qui-sont-les-victimes-du-covid-19-en-france-6768255> ; <https://www.bfmtv.com/international/coronavirus-l-italie-enregistre-651-morts-en-24-heures-1880069.html> ; <https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/coronavirus-la-pandemie-fait-plus-de-10-000-morts-dans-le-monde-6786690> (sites consultés le 24/03/2020).

[41] Initialement, comme premier réflexe, mais aussi en tenant compte de la nécessité de répondre à l’urgence scientifique et théâtrologique brutale, liée à la pandémie mondiale et au confinement.

[42] Lire Rabanel, Théâtrologie/2 - L’Art du dialogue, Paris, L’Harmattan, 2014.

[43] Voir Rabanel, L’Interdiction du théâtre - Éloge du dialogue et du vivant, Sampzon, Éditions Delatour France, 2014.

[44] Cf. supra.

[45] Cf. <https://www.lefigaro.fr/musique/renaud-capucon-vous-prodigue-ses-remedes-musicaux-au-confinement-20200318> (site consulté le 24/03/2020).

[46] Cf. <https://cdn-univ.fr/web/laboratories/ctel#.XnnkdS17RKg> (site consulté le 24/03/2020).

[47] Lire François Cheng, De l’âme, Paris, Albin Michel, 2016.

[48] Cf. <https://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/coronavirus-medecine-de-guerre-1186481> ;

<https://www.allodocteurs.fr/maladies/maladies-infectieuses-et-tropicales/coronavirus/dans-le-grand-est-on-fait-de-la-medecine-de-guerre_28942.html> ; <https://www.politis.fr/articles/2020/03/italie-une-situation-de-guerre-41488/> ; <https://fr.euronews.com/2020/03/17/les-hopitaux-de-campagne-indispensables-pour-juguler-la-pandemie> ; <https://fr.images.search.yahoo.com/yhs/search;_ylt=AwrJOtYB53le2g4ArSePAwx.;_ylu=X3oDMTByZmVxM3N0BGNvbG8DaXIyBHBvcwMxBHZ0aWQDBHNlYwNzYw--?p=hôpitaux+de+campagne+en+chine&fr=yhs-Lkry-SF01&hspart=Lkry&hsimp=yhs-SF01> ; <https://www.msn.com/fr-fr/news/monde/covid-19-la-france-et-lespagne-face-c3-a0-la-saturation-des-h-c3-b4pitaux/ar-BB11uKnA> (sites consultés le 24/03/2020).

[49] Cf. <http://www.lessentiel.lu/fr/news/france/story/ces-endroits-ou-le-confinement-n-est-pas-respecte-30200455> ;

<https://www.lefigaro.fr/politique/non-respect-du-confinement-dans-certaines-banlieues-ndiaye-voit-bien-le-relent-raciste-qui-va-arriver-20200320> ; <https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/saumur-49400/saumur-confinement-non-respecte-premieres-amendes-distribuees-68cce3f2-6935-11ea-b18b-1a22a7757cae> ;

<https://www.lepoint.fr/societe/j-en-ai-rien-a-foutre-du-confinement-24-03-2020-2368508_23.php>

(sites consultés le 24/03/2020).

[50] Cf. <http://unice.fr/laboratoires/ctel/fr> (site consulté le 24/03/2020).

[51] Le message retranscrit ci-dessous a été très légèrement remanié et complété par rapport au texte initial.

[52] Transmis à la directrice et aux membres de mon laboratoire, par courriel (le jeudi 19/03/2020 à 12h46). La totalité de cet appel, en version sonore, a été envoyé également par courriel à la même liste que précédemment, le dimanche 22/03/2020 à 13h22, avec ces précisions : « En effet, je crois qu’il faut tenter de relever le gant… Nous pouvons à notre manière dire des choses. La manière compte beaucoup en art, autant parfois que le contenu.Je remercie du fond du cœur d’avoir pensé à nous solliciter sur un sujet qui peut sembler loin de certaines de nos préoccupations. En tout cas, j’ai essayé de répondre à ma façon à cette sollicitation. Je vous adresse, en documents attachés, mes deux propositions qui sont destinées à être enchaînées, selon l’ordre sonore et oral indiqué : 1 + 2. Ces documents peuvent être transmis à nos instances et collègues pour diffusion sous la forme indiquée. Par ailleurs, si nécessaire, ils peuvent être assortis et complétés du texte écrit ou reproduit numériquement sur écran, à partir de la retranscription de la source sonore. Également, ils peuvent donner lieu à une scénarisation complète, avec titres, silences, bruitages, musiques, images fixes et animées, sous-titrage. Je confie cela à l’imagination de nos services centraux et aux capacités de haute technologie de nos services pédagogiques et numériques. »

[53] Voir Rabanel, Du venin au théâtre et partout - Contre-représentationop. cit.

[54] Rien ne devrait plus être comme avant. En cette période, la pandémie infecte les populations à grande échelle et la mort, comme une bête fauve immonde, rôde sur notre planète, en cherchant ses victimes tout près de nous ou autour de nous, comme une bête fauve déchaînée et sanguinaire. Et ce tandis que les êtres humains, livides, hébétés, hagards, sidérés ou inconscients, souvent comme des proies en cage, tapis au fond de leur logis, se barricadent et retiennent leur souffle. Les médias annoncent chaque jour l’attente ou la survenue d’une vague déferlante, un tsunamis avide et tueur. Le décompte des malades, des morts et des survivants rythme nos journées et nos nuits, dans le silence atroce des villes qui au bout d’un certain moment ne voient plus d’autre issue que d’arrêter net les activités, les déplacements, en priant pour les soignants et les futurs cadavres. Hécatombe en Espagne : « 514 décès en 24 heures, 2696 morts au total » sont annoncés le mardi 24 mars 2020 par La Voix du Nord, <https://www.lavoixdunord.fr/international> (site consulté le 24/03/2020). Et le corps médical commence aussi à être fauché par le covid-19 : <https://www.huffingtonpost.fr/entry/coronavirus-medecins-est_fr_5e78efcbc5b62f90bc4f1821> (site consulté le 24/03/2020). Et l’on voit à Marseille, chez le Pr Raoult, des files de personnes venir faire la queue, pour se faire dépister et obtenir un traitement (à la chloroquine) non encore homologué, par la communauté scientifique et les autorités sanitaires : <https://www.dailymotion.com/video/x7svt7j> ; <https://www.dailymotion.com/video/x7svu9i> (site consulté le 24/03/2020).

[55] Consulter Rabanel, L’Interdiction du théâtre - Éloge du dialogue et du vivantop. cit.

[56] Cf. <https://www.france24.com/fr/20200210-coronavirus-en-chine-quand-la-censure-tue> (site consulté le 24/03/2020).

[57] Cf. <https://www.tvanouvelles.ca/2020/03/18/devant-le-cimetiere-de-bergame-les-corbillards-attendent> ;

 <https://www.dailymotion.com/video/x7ssneg> (sites consulté le 24/03/2020).

[58] Cf. <https://www.wsws.org/fr/articles/2020/02/12/pers-f12.html> (site consulté le 24/03/2020).

[59]Cf.

<https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/covid-19-des-medecins-portent-plainte-contre-l-etat_3860715.html> ;

<https://www.lci.fr/politique/coronavirus-covid-19-apres-les-propos-polemiques-d-agnes-buzyn-l-executif-tente-d-eteindre-la-polemique-2148387.html> (sites consultés le 24/03/2020).

[60] Cf. 

<https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/patients-paniques-manque-de-masques-dans-les-zones-touchees-par-le-coronavirus-les-medecins-generalistes-desoeuvres_3855115.html> ; <https://fr.video.search.yahoo.com/yhs/search;_ylt=AwrIS.jDE3pelvkAST2PAwx.;_ylu=X3oDMTByZmVxM3N0BGNvbG8DaXIyBHBvcwMxBHZ0aWQDBHNlYwNzYw--?p=Manque+de+masques+youtube&fr=yhs-Lkry-SF01&hspart=Lkry&hsimp=yhs-SF01> ; <https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/coronavirus-masques-gants-gel-pontivy-des-soignants-en-manque-lancent-un-appel-aux-dons-6788269> ; < https://www.rue89strasbourg.com/en-manque-de-masques-et-de-gel-la-maison-darret-de-lelsau-mise-sur-le-confinement-des-detenus-171244> ; <https://www.lci.fr/sante/video-coronavirus-les-pharmacies-toujours-en-manque-de-gels-et-de-masques-2147943.html> ; <https://www.lavoixdunord.fr/727854/article/2020-03-17/les-gestes-barrieres-imperativement-appliquer> ; < https://www.canalvie.com/sante-beaute/sante/distanciation-sociale-quarantaine-covid-19-1.10819214> ; <https://www.20minutes.fr/politique/2742183-20200318-coronavirus-france-adopte-mesures-confinement-plus-strictes-europe-comme-affirme-christophe-castaner> ; <https://www.liberation.fr/planete/2020/03/14/coronavirus-les-fermetures-de-frontiere-se-multiplient-en-europe_1781594> (sites consultés le 24/03/2020).

[61] Cf.

<https://www.franceinter.fr/emissions/grand-bien-vous-fasse/grand-bien-vous-fasse-03-decembre-2018> ; <http://magazinesante.doomby.com/pages/avantages-et-inconvenients-medecine-conventionnelle-et-medecine-naturelle.html> ; <https://mdecineexprimentale.blogspot.com/2012/03/la-medecine-consideree-comme-science.html> (sites consultés le 24/03/2020).

[62] Cf. <https://www.msn.com/fr-be/actualite/coronavirus/coronavirus-polémique-autour-des-chiffres-alarmants-de-lépidémie-donnés-par-labsym/ar-BB10F2pr> (site consulté le 24/03/2020).

[63] Cf.

<https://www.lefigaro.fr/elections/municipales/la-crise-du-coronavirus-bouleverse-l-executif-20200309> ; <https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-coronavirus-autopsie-dune-communication-publique-ratee-1187941> ; <https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/ce-que-le-coronavirus-nous-enseigne-de-la-gestion-de-crise-d-emmanuel-macron-842280.html> ; <https://www.lemonde.fr/international/article/2020/02/10/la-chine-fait-taire-ceux-qui-veulent-enqueter-sur-le-coronavirus_6029080_3210.html> (sites consultés le 24/03/2020).

[64] Cf. supra.

[65] Voir Rabanel, L’Interdiction du théâtre - Éloge du dialogue et du vivantop. cit.

[66] Cf.

<https://www.valeursactuelles.com/politique/coronavirus-et-impreparation-du-gouvernement-buzyn-peut-elle-etre-poursuivie-penalement-117172> ;

<https://www.liberation.fr/france/2020/03/20/masques-la-folle-impreparation_1782575> ; <https://www.jim.fr/e-docs/coronavirus_la_rhetorique_a_lepreuve_de_lincoherence_et_de_limpreparation__182241/document_jim_plus.phtml> ; <https://www.20minutes.fr/politique/2746367-20200323-coronavirus-messages-contradictoires-polemique-masques-gouvernement-sous-pression> (sites consultés le 24/03/2020).

[67] Cf.

<https://www.canal-u.tv/video/universite_de_tous_les_savoirs_au_lycee/les_risques_d_epidemies_planetaires_philippe_bossi.4366>

(site consulté le 24/03/2020). 

[68] Cf.

<https://www.comedie-francaise.fr/fr/evenements/le-malade-imaginaire-19-20> ; ; <https://www.youtube.com/watch?v=97z1fPQRHLg> (sites consultés le 24/03/2020).

[69] Ou montrerait-il la même chose ?

[70] Extrait du message envoyé au CTEL par la gouvernance de l’Université Côte d’Azur, cf. supra.

[71] Acte I, scène VI, 1668.