Grégori JEAN

Le livre récompensé "L’humanité à son insu. Phénoménologie, anthropologie, métaphysique" se propose de croiser différents problèmes constitutifs de la pensée contemporaine : celui d’une redéfinition des relations entre humains et non humains au sein d’un écosystème qui pourrait bientôt se révéler inhabitable ; celui de la possibilité d’une saisie « métaphysique » du réel ; celui, enfin, de l’écart qui toujours subsiste entre ce que les êtres humains connaissent de la réalité et ce qu’ils sont capables d’en vivre pour s’y orienter. Mais son originalité est de le faire à la lumière de la reconfiguration du problème anthropologique opérée par la Modernité : l’être humain, en effet, ne sera plus situé dans un ordre naturel au sein duquel son humanité déciderait a priori des rapports qu’il entretient avec les autres êtres, mais considéré comme un « sujet » devant lequel un tel ordre ne se déploie qu’en tant qu’il le « vit », et dont il est dès lors et par principe lui-même absent. D’où le paradoxe anthropologique auquel une telle reconfiguration nous confronte : celui de décrire « phénoménologiquement » notre vécu du monde sans être en mesure de déterminer ce qui en constitue le caractère proprement humain.

C’est donc ce paradoxe que Grégori Jean se propose ici d’affronter mais aussi de résoudre, afin de redéterminer, en dialogue avec différents courants philosophiques et anthropologiques actuels, la place qu’occupe désormais l’humanité, non plus tant dans le monde que dans le rapport anthropologiquement problématique qu’elle entretient elle-même avec lui.