Pascal STACCINI, PU-PH, Professeur de Santé Publique spécialisé en Biostatistique et Informatique de Santé, Directeur de l’URE RETINES, Directeur du Master « Ingénierie de la Santé », Directeur Adjoint Graduate School HEALTHY, Université Côte d'Azur
Place du numérique dans le processus de vulnérabilisation
Résumé :
Une possible définition éthique de la vulnérabilité considérerait comme vulnérables les personnes dont l’autonomie, la dignité et l’intégrité sont menacées. On peut considérer alors que les personnes âgées, lorsqu‘elles sont confrontées au déclin fonctionnel, aux maladies chroniques invalidantes et à la perte de rôle social, sont susceptibles de présenter un risque de vulnérabilité. La vulnérabilité doit être comprise comme étant simultanément un état et un processus. La vulnérabilité est contextuelle, dépendante des systèmes sociaux et culturels, et des tendances politiques et économiques. Si nous devons porter attention aux « groupes vulnérables », la dynamique, la complexité et le contexte jouent désormais un rôle central pour la compréhension de la vulnérabilité en santé. Depuis 40 ans, nous vivons dans une « société de l’information ». Un écosystème centré sur la diffusion rapide de l’information grâce au développement d’Internet et l’évolution de l’ère industrielle du numérique. En 1974, Roland Moreno invente la carte à puce disruptive. Le RFID l’accompagne désormais dans son usage quotidien. Usage dont les banques ont su tirer profit pour maintenir les transactions tout en respectant la distanciation sanitaire en période COVID. La carte à puce RFID, outil de protection et de prévention primaire anti-COVID ? Le numérique comme anti-viral préventif ? Avec le QR code vaccinal, le numérique devient désormais la clé sociétale du déconfinement. La question est posée de la place de la numératie et des effets positifs ou négatifs du numérique dans le processus de vulnérabilisation. Si d’Ormesson ne savait rien de l’avenir, Flaubert écrivait : « l’avenir nous tourmente, le passé nous retient, c’est pour ça que le présent nous échappe ».