le 12 avril 2023
Alban Mikoczy, Grand Reporter, France Télévisions, Alumni d'Université Côte d'Azur
DEUG Art Communication Langage - INFORMATION COMMUNICATION - 1988
Je suis un enfant de l’Université.
Quelle est votre formation et votre parcours depuis les bancs de l’Université ?
J’étais à l'Université, de 1986 à 1988, sur le campus Carlone.
Juste après le baccalauréat, que j’ai passé en 1986, j'avais l’objectif de travailler dans le journalisme. Comment j'allais y arriver? Ce n'était pas très clair. Je viens d'un milieu très populaire. En effet, mon père était hongrois, réfugié en France, avec une éducation et une culture différentes de ce que la France proposait. Il était ASH dans les hôpitaux et ma maman avait eu un accident et était handicapée, à ce moment-là.
J'avais donc absolument zéro carnet d'adresses. Mais, le journalisme, c'était un rêve. La seule relation que j’avais avec le journalisme, c'est que mon père achetait Nice-Matin et je lisais son journal.
Après le bac, je suis allé dans la section de communication de l’Université. Ne sachant pas trop comment réussir à être journaliste, je me suis dit que c’était dans le domaine de ce que je voulais faire. J’ai passé un DEUG Art Communication Langage (ACL – actuel Infocom) à l’Université de Nice puis je suis allé finir mes études au CELSA.
Quand vous repensez à votre passage à Université Côte d’Azur...
A l'époque, la section, dirigée par Yannick Geffroy et Patrick Accola, deux codirigeants charismatiques, était beaucoup plus portée sur l'art et sur le langage. La filière qui mixait art, culture et communication se voulait très novatrice.
On était dans des amphis immenses à plusieurs centaines, assis par terre parfois ! Il y avait une liberté, une créativité, des travaux en groupe. J’ai presque habité l’Université ! On ressemblait tous à Robert Smith parce que c’était l’époque de The Cure !
Assez rapidement, j'y ai trouvé une espèce de magie. On était comme dans un spectacle dans certains cours. Je me suis donc intéressé à des choses improbables pour moi: le théâtre, la danse, le surréalisme, des portes s'ouvraient à moi. Cela m'a bousculé et ouvert l'esprit.
J’avais une culture générale limitée mais je me suis mis à lire des livres pour comprendre ce dont on me parlait. Je me suis ouvert à des mondes totalement inconnus. On avait le droit de tester, il fallait se lancer. C'était comme un saut dans le vide. Cela m'a plu. J'ai donc loupé peu de cours. Il y avait une liberté, une créativité. On nous permettait de nous élever intellectuellement et d’oser.
Des enseignants m’ont marqué. Par exemple, il y avait Marie-Joseph Bertini, qui enseigne toujours. C'était intellectuellement très complexe. A l'époque, il y avait un fossé entre la terminale et les années de fac. Il n’y avait pas de dispositif d’accompagnement. J’ai gardé pas mal de cours de l’époque. Je vois maintenant, en relisant, l’utilité d’un certain nombre de concepts que je ne comprenais pas. Yannick Geffroy vous amenait dans son univers très littéraire. Patrick Accola faisait plus des cours sous forme de TP qu’un cours magistral et on pouvait participer, intervenir, s’exprimer. C’était avant-gardiste, à l’époque. Je me souviens d’une professeure qui jetait les copies par la fenêtre !
Tout ce que j’ai appris m’a ouvert des possibilités qui m’ont servi plus tard, alors que je ne comprenais pas tout à l’époque. Cela a été central dans mon évolution. C’est ce que j’en retiens.
Comment vos études à Université Côte d'Azur vous ont-elles préparé à votre emploi actuel ?
Je rêvais d’être journaliste. Je venais d’un milieu très populaire.
Je suis un enfant de l’Université. Si cela n’avait pas existé, je n'en serais pas là où j'en suis aujourd'hui. Si j'interviens, aujourd'hui, en université c'est pour cette raison. La chance que j'ai eue reste profondément ancrée en moi. J'y crois profondément. Si je n’avais pas eu ces gens pour m'ouvrir l'esprit, je n’en serais pas là.
Le rêve de ma maman était que je sois instituteur à l'école, en face de la maison, pour la promotion sociale que cela représentait. Elle trouvait que c’était merveilleux. Et quand j'ai dit à mes parents que j'allais travailler à la télé, mon père m’a dit “très bien tu vas faire le saltimbanque pendant 2, 3 ans, et qu’est-ce que tu feras après ?”
Mes études m’ont ouvert au monde. Elles ont développé ma culture générale, ma curiosité. Ce sont des qualités indispensables au métier de journaliste. J’ai été accompagné et j’ai reçu plus que des cours par les professeurs.
J’avais besoin de travailler à côté de mes études. Je travaillais en tant que correspondant local à Nice-Matin du vendredi au dimanche. J’y suis rentré par le sport. Quand je jouais à l’OGC Nice, j’avais un entraîneur qui connaissait très bien les journalistes et me les avait présentés. Je faisais le tour des matchs, faisais une photo et transmettais des informations factuelles sur les matchs. Puis selon les week-end, je couvrais aussi des faits divers et toute l’actualité du week-end.
J’ai commencé comme ça à exercer le métier de mes rêves pendant mes études.
Que diriez-vous aux étudiants d'aujourd'hui?
J'ai eu une bonne étoile, des personnes qui m’ont accompagné et j’ai su saisir des opportunités. On a tous, à tour de rôle, notre moment, il faut juste oser y aller et accepter de se mettre en danger.
C’est comme ça que je suis rentré à France Télévisions.
J’ai saisi une opportunité de travailler à France 3 Normandie suite à une demande de couverture d’un événement sportif. J’ai été prolongé tous les week-end puis suis parti travailler à France 2 pour faire Télé-Matin en 1990.
Et sur votre métier aux étudiants qui souhaitent être journaliste?
Je suis impressionné par les travaux en recherche de communication de Jacques Araszkiewiez, Maître de conférence et Directeur de l'URE Transitions, parce qu'il a raison !
La machine, la technique, ce n'est plus la même qu’au début des années 90.
En revanche, tout ce qui est travail d’enquête, de transmission de communication, c'est le même. L'outil n'étant plus du tout le même, la manière de transmettre a changé mais on fait le même métier que des journalistes du siècle dernier : on va quelque part, on raconte comment ça s'est passé de la manière la plus transparente possible. Fondamentalement, le cœur du métier c'est toujours d'essayer de rapporter des faits en étant le plus honnête.
Ma motivation c’est de couvrir l’actualité, quelle qu'elle soit, avec honnêteté. Il y a des journalistes qui couvrent les guerres parce qu’ils ont besoin d’être là où est l’actualité, d’autres parce qu’ils ont besoin d’être dans la réalité. Moi j’y vais sans idéaliser le conflit, sans plaisir spécifique ou fascination, cela fait partie du boulot. Je n’ai pas peur non plus.
Pan bagnat ou pissaladière ?
J'adore les deux mais pissaladière puisqu’il faut choisir!
Prom ou Vieux-Nice?
Je dirais la Prom mais pas celle que vous avez en tête et que vous connaissez. Ma prom, c’est celle de Carras et Sainte-Hélène, celle de mon enfance. C’est là où j’allais à la plage à pied, en descendant de Caucade quand j’étais gamin.