Interview d'alumni #4 : Jean-Yves Delmotte, entrepreneur

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Publié le 22 juillet 2023 Mis à jour le 24 juin 2024
Date(s)

du 26 juillet 2023 au 25 janvier 2024

JY Delmotte
JY Delmotte

Jean-Yves Delmotte est entrepreneur dans le domaine du logiciel et alumni d'Université Côte d'Azur. Diplômé de Polytech Nice Sophia et de l'IAE Nice, découvrez son parcours et ses aspirations !

La réussite ne dépend pas uniquement du talent !

Quel est votre parcours universitaire ? 

Mon parcours universitaire a débuté par une prépa intégrée à Polytech Nice Sophia, où j'ai obtenu mon diplôme d'ingénieur informatique en 2016. Durant ma dernière année, j'ai choisi de suivre une formation en alternance.
Parallèlement, j'ai également entrepris des études au sein de l'IAE de Nice en Master of Business Administration, en suivant des cours du soir.

Cette double casquette m'a offert l'opportunité de développer mes compétences dans le domaine de l'entreprise, tout en poursuivant mon expérience en alternance pendant la journée.
Grâce à l'IAE, j'ai pu acquérir des connaissances générales du monde de l'entreprise, complémentaires à mon expertise en ingénierie informatique obtenue à Polytech Nice Sophia. Cette combinaison de compétences m'a permis de bénéficier d'une vision globale et équilibrée pour relever les défis professionnels qui m’attendaient.
 

Quel est votre métier ?

En tant qu'entrepreneur, ma principale activité consiste à concevoir des logiciels en mode SaaS pour les entreprises. Ce modèle implique que les entreprises s'abonnent à nos logiciels en ligne, soit sur une base annuelle, soit sur une base mensuelle.
J'ai eu le plaisir de co-fonder quatre start-ups avec Fabien Pinel, un ancien étudiant d'Université Côte d'Azur qui a également suivi le même parcours à Polytech Nice Sophia :
La première start-up, The Jeffrey Company, a été créée en 2017. Son objectif était d'aider les petites entreprises à accroître leur visibilité sur le réseau social Instagram. En 2019, nous avons lancé Tokfluence, un outil permettant de rechercher des influenceurs sur TikTok.
En 2020, en collaboration avec Fabien Pinel et un autre associé ayant un profil plus commercial, nous avons fondé PaletteHQ. Cette nouvelle entreprise avait pour vocation de simplifier le calcul des commissions pour les commerciaux au sein des entreprises.
Après avoir lancé Seed.HR, un plateforme pour la reconnaissance du travail des collaborateurs, nous avons développé une plateforme plus générale sur la culture d'entreprise, buddies.rh. Cette nouvelle aventure promet encore de belles perspectives et challenges passionnants pour nous. Ce nouveau développement fait suite à des retours clients de Seed. Nous avons écouté le marché.
 

Vous pouvez nous parler de vos études ? 

Mon parcours lycéen et universitaire a été marqué par des hauts et des bas, mais il a finalement conduit à une voie inattendue et passionnante. Dès le lycée, j'ai toujours eu des facilités dans les matières scientifiques, ce qui m'a poussé à me concentrer sur mes forces plutôt que de me pencher sur mes faiblesses.

Malgré mon amour pour la musique et mon rêve de faire carrière dans ce domaine, j'ai pris la décision pragmatique de choisir des études offrant des débouchés professionnels solides pour assurer un revenu stable tout en continuant à poursuivre ma passion musicale en dehors du temps scolaire. Je suis reconnaissant envers mes parents qui m'ont aidé à garder les pieds sur terre pendant cette période.

Mon passage à l'Université a été déterminant et transformateur. C'est là que j'ai découvert ma véritable voie. L'Université m'a offert bien plus que des connaissances académiques ; elle a été un véritable ascenseur social et m'a permis de faire des rencontres cruciales.
Mes professeurs ont été d'une grande influence, car ils ont éveillé ma curiosité pour l'informatique en me montrant l'immensité du domaine. Grâce à eux, j'ai été constamment mis au défi et cela a nourri ma soif d'apprentissage.
L'entrepreneuriat est un autre aspect essentiel de mon parcours universitaire. J'ai eu l'occasion de participer à des projets de fin d'études, de discuter avec des professionnels et de découvrir l'univers des start-up grâce à des expériences en alternance, des start-up week-ends et des hackathons.
C'est également à l'Université que j'ai rencontré Fabien Pinel, qui était dans la même promotion que moi. Le destin a joué un rôle déterminant, car nous avons travaillé ensemble sur un projet de fin d'année, et cette collaboration a marqué un tournant dans nos vies. Depuis lors, nous sommes devenus amis et associés, partageant une passion commune pour l'entrepreneuriat.

En résumé, mon parcours m'a conduit d'une quête de stabilité professionnelle avec une passion pour la musique à une carrière d'entrepreneur dans le domaine des logiciels, en passant par un cheminement universitaire riche en découvertes et en opportunités. Ce voyage a été marqué par des rencontres et des expériences qui ont façonné la personne que je suis aujourd'hui.
 

Palette a marqué un tournant dans votre carrière ? 

En effet, PaletteHQ a été une expérience exceptionnelle qui a véritablement marqué un tournant dans ma carrière. Cette aventure unique impliquait la création d'une entreprise ainsi que le recrutement à l'échelle internationale, ce qui en a fait une opportunité des plus enrichissantes.
Notre parcours nous a menés à être acceptés au sein de Y Combinator, une structure d'incubation prestigieuse basée aux États-Unis, qui a vu émerger des entreprises de renom telles que Airbnb, Coinbase et Dropbox. Cette opportunité était au-delà de nos attentes, car au départ, nous n'avions même pas envisagé de postuler chez Y Combinator pensant que nous n’étions pas à la hauteur. C’est en effet une connaissance de notre associé commercial qui nous a vivement encouragés à tenter notre chance !

Dans le cadre de notre développement, nous avons établi une entité aux États-Unis et nous nous sommes concentrés sur le marché américain, ce qui a abouti à une levée de fonds de plus de 6 millions de dollars. Ces financements nous ont permis entre autres de constituer une équipe exceptionnelle de 15 personnes travaillant à distance dans différents pays tels que les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni et la France.

Au cours de cette expérience entrepreneuriale, j'ai appris énormément : la vente, la gestion des relations clients, le recrutement, le management, entre autres. Ces nouvelles compétences se sont avérées complémentaires à mon cursus d'ingénieur, et elles ont contribué à ma croissance professionnelle et personnelle.

Avec mon associé Fabien, nous avons décidé de partir sur de nouvelles bases en mars 2023, avec la ferme ambition de créer une nouvelle entreprise. C'est ainsi que quelques mois plus tard, Seed a vu le jour !
 

Comment sont nés Seed et BuddiesHR ? 

La naissance de SEED est le fruit d'une réflexion approfondie au cours de laquelle nous nous sommes concentrés sur nos valeurs et ce qui nous tient à cœur. Nous avons été particulièrement interpellés par les questions liées au bien-être au travail, à l'épanouissement personnel et à la préservation de l'environnement. Ces sujets nous ont inspirés et nous avons jugé que le bien-être au travail était une thématique pertinente à explorer. Pour cela, nous avons entamé des échanges fructueux avec des professionnels des ressources humaines.

Au fil de ces échanges, deux grandes thématiques ont émergé comme étant cruciales dans le monde post-COVID : tout d'abord, la cohésion entre les membres d'une même entreprise, qui favorise un climat propice à l'épanouissement de chacun ; ensuite, l'importance de la reconnaissance et des retours d'expérience constructifs pour le développement personnel et professionnel des individus au sein de l'entreprise.
C'est en nous focalisant sur la question de la reconnaissance et des feedbacks que nous avons décidé de concentrer nos efforts. Nous avons mené des études comparatives, de marché et de faisabilité qui ont validé le bien-fondé de notre projet.
Parallèlement à notre volonté de promouvoir le bien-être au travail, nous sommes également soucieux de l'impact environnemental de notre entreprise. C'est pourquoi nous avons adopté une approche responsable en nous engageant à planter un arbre en partenariat avec l'association Tree-nation pour chaque utilisateur actif mensuel de notre plateforme. Cette initiative contribue activement à la préservation de notre écosystème et permet également aux entreprises clientes de développer leur politique RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises).

Nous avons continué à organiser des appels de découverte avec des managers. Ils nous ont tous dit que la reconnaissance des employés n'était pas une plateforme autonome, mais plutôt une fonctionnalité d'une plateforme de culture d'entreprise. Par conséquent, nous avons décidé de créer une plateforme de culture d'entreprise en fusionnant avec une application Slack pour les anniversaires que nous avions déjà (Billy). Ainsi est née BuddiesHR.
 

Quels conseils vous donnez aux personnes qui souhaitent monter une start-up dans le logiciel et dans le B2B ? 

Comme dirait Y Combinator : “talk to customers & ship code”.
Lorsque l'on identifie un problème que l'on souhaite résoudre, il est primordial d'aller s'entretenir avec les personnes à qui l'on envisage de proposer plus tard une solution, afin de recueillir leur avis. Elles détiennent la vérité sur la pertinence du problème et son existence réelle. C’est ce qu’on appelle plus communément “customer discovery”. La plupart des boîtes dans notre secteur échoue au début car elles ne parlent pas assez aux clients potentiels.
Quand on vient d’un background technique comme le mien, on a souvent tendance à se focaliser sur la solution, et c’est normal c’est tout ce qu’on a appris et c’est ce qu’on aime faire ! Cependant c’est une terrible manière de commencer une entreprise dans le domaine du B2B SaaS.

Je dirais également qu’il faut être discipliné. La réussite ne dépend pas uniquement du talent. Souvent, celui ou celle qui gagne c’est “simplement” la personne qui s’est levé tous les jours et a travaillé de manière intelligente et constante pendant des années. (On parle souvent du cas de Messi et Ronaldo pour imager cela d’ailleurs)

Enfin, éviter le burnout. C’est selon moi le plus grand risque que courent les travailleurs dans cette industrie. J’ai connu des phases où je travaillais 60-70 heures par semaine. Aujourd’hui, je me rends compte que c’était en partie dû à l’inexpérience. 30-40 heures suffisent. Il faut savoir prioriser ce qui est vraiment important et savoir reprogrammer, déléguer ou annuler ce qui l’est moins.
 

Vous avez eu des échecs ? 

Oui, plein ! Je n’ai même plus assez des doigts de mes mains pour les compter. Mais, j’ai appris de ces échecs. C’est une source d’expériences et ils ont contribué à me faire avancer et faire qui je suis aujourd’hui.
 

Quelle est votre vision de l'entreprise ? 

Ayant connu le monde de l’autofinancement et le monde de la levée de fond, je pense qu’il y a des bonnes choses à prendre dans chaque. Ma vision évolue encore aujourd’hui mais je suis pas mal inspiré par Basecamp. Pouvoir dire : on était là il y a 20 ans et on sera là dans 20 ans, c’est un luxe que peu d’entreprises peuvent se payer.

Pour avoir une telle longévité, il faut dépendre le moins possible d’investisseurs et construire une culture d’entreprise forte où chacun peut exprimer son plein potentiel. Tel est mon objectif pour les années à venir avec Seed.
 

Vous accompagnez des étudiants entrepreneurs ? 

Oui ! Je suis mentor chez Université Côte d’Azur ICE (Innovation Centre for Entrepreneurship) et j’accompagne des étudiants dans leur projet d’e-commerce spécialisé dans les sneakers. Ils sont trop forts ! J’aurais aimé avoir accompli autant qu’eux à leur âge !

C’est une nouvelle thématique pour moi, les sneakers et l’e-commerce. Je ne connaissais rien au e-commerce mais j’ai l’expérience des levées de fonds dont les étudiants ont besoin.
Comment j’ai fait pour les aider alors que je n’y connaissais rien ? Pas de recette magique ! Comme pour valider une idée d’entreprise, j’ai regardé dans mon carnet de contacts qui pourrait me transmettre des connaissances et je les ai appelés ou invités à manger un midi pour me nourrir de leur savoir ! Ne nous y trompons pas, je n’y connais toujours pas grand-chose mais au moins je peux discuter avec les étudiants en utilisant le vocabulaire de leur industrie.
C’est un challenge et cela me permet de partager avec eux, d’être utile et d’enfin rendre à l’Université ce que j’ai reçu d’elle.