Ce projet porte sur l’histoire des idées. Il a pour objectif d’examiner leur rythme d’évolution. Il fait l’hypothèse que ce changement peut se faire en une brève période de temps (mini-diachronie), notamment quand il est influencé par d’autres évolutions, inconscientes elles, comme celle de la langue, ou encore l’appréhension que l’homme a eu et a du temps physique et biologique. Le projet est donc trans- et interdisciplinaire et réunit des chercheurs en linguistique, philosophie, histoire, histoire des sciences, mais aussi biologie, physique et histoire de la médecine.
Pour vérifier notre hypothèse, nous avons choisi d’étudier l’objet TEMPS à la période de la Grèce classique, et notamment la charnière entre le Ve et le IVe siècles avant notre ère, car elle nous offre un observatoire privilégié pour observer ces modifications dans les sciences humaines, qu’elle voit émerger et se former pour la première fois dans l’histoire de l’humanité.
En philosophie, on remarque le passage de : 1/ la détermination du temps comme essentiellement lié à l’altération et au défaut ontologique (Platon), à : 2/ une conception du temps qui le pose comme participant d’une réalité incluant le passage de la puissance à l’acte, et donc d’un temps axiologiquement reconsidéré en tant que principe ontologique participant du concept de changement (Aristote).
En linguistique, la théorie grammaticale, qui apparaît au IVe siècle chez Platon et Aristote, n’a pas de terme pour désigner l’aspect (le temps de l’action considéré dans son déroulement interne, achevé ou en cours par exemple), alors qu’il dispose de mots pour renvoyer au mode (enklisis) et au temps (déroulement externe, passé, présent ou à venir) (chronos).
En histoire, d'une chronologie multiforme fondée sur les généalogies, qui n'exclut pas la conception d'un temps éternel ou circulaire chez Hérodote, on passe avec Thucydide à une rationalisation du temps (création d'un système unifié de datation par saisons).
En médecine, la Grèce classique est l’époque de la naissance de la médecine hippocratique. La prise en compte de la temporalité des maladies est un tournant majeur.
Ces changements dans l’histoire des idées sont contemporains de changements linguistiques : à cette période, le système verbal du grec ancien semble connaître un changement radical, passant d’un système fondamentalement basé sur l’aspect à un système mixte, où la chronologie externe joue un rôle primordial, ce que l’on peut repérer notamment par des moyens très précis de marquer la chronologie relative.
Enfin et surtout, outre l’évolution des perspectives sur le temps dans ces différentes disciplines, c’est l’étude de leurs interactions et les influences qu’elles ont eues les unes sur les autres qui est le point de mire de notre projet.
Partenaires institutionnels :
Université Côte d’Azur, IDEX UCAJEDI
Académie 5 : Homme, idées et milieux/ Human societies, Ideas and Environments
Académie 4 : Complexité et Diversité des Systèmes Vivants/ Complex systems
CNRS
Chercheurs :
Richard Faure. Maître de conférences en linguistique des langues anciennes, Laboratoire Bases, Corpus, Langage (UMR 7320)
Emmanuel Golfin, Historien de l’Antiquité, Toulouse, Patrimoine Littérature Histoire, (EA 4601)
Elsa Grasso. Maître de Conférences en Philosophie ancienne, Centre de Recherches en Histoire des idées, (EA 4318)
Alice Guyon, Directeur de Recherches au CNRS, Institut de Pharmacologie Moléculaire et Cellulaire, (UMR 7275)
Magali de Haro Sanchez, Dr. de l’Univ. de Liège en Langues et Lettres, spécialiste des textes grecs (jusqu’au 31 août 2018)
Corinne Nicolas-Cabane, Ingénieur d'Études CNRS, GéoAzur (UMR 7329)
Vivien Longhi, Maître de conférences en langue et littérature grecques, spécialiste de la médecine hippocratique (HALMA – UMR 8164 - Université de Lille)
Alexandra Michalewski, Chargée de recherche, Spécialiste du néo-platonisme, Centre Léon Robin : CNRS – Univ. Sorbonne Université (UMR 8061)