Comparaison des compétences narratives orales d'adolescents présentant différents troubles du développement
En quelques mots
L’objectif de ce projet est de comparer les compétences narratives orales d’adolescents présentant différents troubles du développement : troubles du développement du langage oral (TDL), surdité et trouble du spectre autistique (TSA).
Projet de recherche de l'Axe 1
DATE : 2020
RESPONSABLES : Lucie Broc, BCL
DISCIPLINES : psychologie
MOTS-CLÉS : compétences narratives, troubles du développement du langage
Description du projet
CONTEXTE
Les récits d'expériences personnelles apparaissent tôt dans l'acquisition du langage et sont particulièrement courants dans la vie quotidienne des enfants. Pour produire ces histoires, les enfants doivent développer des compétences narratives, linguistiques et socio-cognitives. Des recherches ont montré que ces compétences sont altérées chez les enfants atteints de trouble du langage développemental et de trouble du spectre autistique.
L'intérêt de ce projet est double. D’une part, sur le plan théorique, la spécificité des compétences narratives en fonction de la nature du trouble langagier n’a été que peu étudiée. D’autre part, sur le plan clinique, la prise en charge de ces adolescents est complexe, et il est nécessaire de tout mettre en œuvre pour assurer le meilleur potentiel de chacun. Mieux comprendre les spécificités narratives spécifiques à chaque trouble permet d’ajuster la prise en charge de ces jeunes.
OBJECTIFS
Ce projet vise à mesurer mesurer en quoi ces différents troubles développementaux affectent les performances langagières des adolescents, en s'intéressant de plus aux mécanismes mnésiques qui sous-tendent les compétences narratives.
MÉTHODE
Il est proposé aux adolescents de produire des narrations orales d’évènements personnels et de participer à deux tâches d’empan mnésique (un endroit et un envers). Cette narration est inspirée du projet Spencer "Developing Literacy in Different Contexts and Different Languages, 1997-2001". Elle consiste à raconter un événement personnel (vol ou bagarre à l'école) à quelqu'un qui ne le connait pas.
Ainsi, trois groupes de 10 adolescents ont été formés, appariés selon leur âge. Ils ont chacun raconté un récit d'une expérience personnelle. Ces histoires ont été analysées pour évaluer les compétences narratives respectives en termes de cohérence (respect du schéma narratif) et de cohésion (anaphores et connecteurs), ainsi que les compétences socio-cognitives (états mentaux affectifs et cognitifs des personnages, et vocalisations arbitraires telles que les bruits de voix).
Plusieurs travaux ont permis de mettre avant que l’utilisation de ce type de narrations auprès d’enfants porteur d’un trouble du développement du langage oral leur permettait de mobiliser leurs connaissances à la fois à l’oral, en syntaxe, mais aussi à l’écrit. Par ailleurs il a été montré que les performances mnésiques des participants sujets à des troubles du développement du langage, augmentent de façon significative entre l’enfance et l’adolescence.
Interdisciplinarité et partenariats
RESPONSABLE DU PROJET
- Lucie Broc, MCF en psychologie, BCL, Université Côte d’Azur
PARTENARIAT INTERNATIONAL
Mise en place d'une nouvelle collaboration avec la faculté de psychologie et sciences de l’éducation de l’Université catholique de Louvain La Neuve (Belgique) :
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Marie-Anne Schelstraete, Professeure
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Anne Bragard, chargée de recherches
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Élise Brassard, chargée de cours
Marie-Anne Schelstraete et Anne Bragard
Résultats et valorisation
Les travaux menés ont montré que les compétences narratives et socio-cognitives ne semblent pas différer entre les adolescents atteints de troubles de développement du langage ou de trouble du spectre autistique, et les adolescents typiquement développés. La cohésion des récits était comparable dans tous les groupes du même âge.
Cependant, les adolescents atteints de troubles de développement du langage rencontraient toujours des difficultés à produire un discours pleinement cohérent, en particulier à l'étape de complication du schéma narratif.
Enfin, les compétences socio-cognitives (positives et négatives) des adolescents étaient comparables dans tous les groupes du même âge.
La narration d'événements personnels leur permet de mobiliser l'étendue de leurs compétences linguistiques et d'optimiser leurs chances d'être compris par leur interlocuteur.
Deux limites de cette étude doivent être soulignées.
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- Le manque de comparaison entre enfants et adolescents n'a pas permis d'analyser le développement des compétences narratives et socio-cognitives. Les études futures devraient donc adopter une perspective développementale plus large, de l'enfance à l'âge adulte, afin d'examiner comment les difficultés narratives et socio-cognitives observées évoluent à différents âges.
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- La deuxième limite est liée à l'évaluation des compétences socio-cognitives, qui était limitée dans cette étude. En effet, nous avons seulement pris en compte des éléments liés à la présence de dispositifs linguistiques indiquant les émotions et la cognition, ainsi que des bruits de voix (vocalisations arbitraires). La prise en compte de plus d'éléments liés aux compétences socio-cognitives devrait permettre de mettre en évidence des difficultés socio-cognitives spécifiques : par exemple, par l'évaluation de la théorie de l'esprit, la capacité à attribuer des états mentaux à soi-même et aux autres, par le test de compréhension de la fausse croyance de Winner et Perner, méthode appropriée pour évaluer la théorie de l'esprit chez les enfants.
- Publications
Lucie Broc, Elise Brassart, Anne Bragard, Thierry Olive, Marie-Anne Schelstraete. Focus on the Narrative Skills of Teenagers with Developmental Language Disorder (DLD) and High Functioning Autism (HFA). Frontiers in Psychology, 2021, Research Topic: Socioemotional and Educational Variables in Developmental Language Disorder (DLD), 12 (721283),(https://doi.org/10.3389/fpsyg.2021.721283). (hal-03389604)ado-logo2
