En quelques mots
Le projet DOMINIUM vise à éclairer les formes historiques de la domination territoriale à partir d’une approche micro régionale articulée aux niveaux intermédiaires et globaux de l’exercice du pouvoir, dans la Provence antique et moderne.
Projet de recherche de l'Axe 2
DATE : 2022 & 2023
RESPONSABLE : Valérie Piétri, URMIS, EUR ODYSSÉE
DISCIPLINES : histoire, archéologie, géographie, informatique
MOTS-CLÉS : aristocratie, domination, territoire, marqueurs spatiaux, mémoire
Description du projet
CONTEXTE
Ce travail se situe en prolongement du projet "Réseaux aristocratiques et pouvoir territorial de l’Antiquité à l’époque moderne" initié au sein de l'Axe 4 de la MSHS Sud-Est depuis 2019, et qui a pour objectif d’identifier la nature des réseaux aristocratiques et de réfléchir aux méthodologies appropriées à leur étude. Les données sur la période Antique ont déjà été collectées. Il s'agit d'apporter des données complémentaires sur l'époque moderne et sur la spatialisation des réseaux en lien avec la structuration des territoires.
Ce projet s'inscrit également dans le cadre du projet MemOri (Axe 4 de la MSHS Sud-Est) et contribue aux activités de l’équipe "Mémoire des origines" du GDR Mémoire du CNRS. La mémoire des origines peut être abordée comme élément de construction des identités et des territoires. Dans le cadre du projet DOMINIUM, cette question sera abordée sous l’angle de l’identification des lieux et monuments qui constituent les marqueurs spatiaux du pouvoir aristocratique, notamment les lieux de résidence et lieux de sépulture ou de culte associés aux familles dominantes.
Enfin, DOMINIUM participe aussi d'un projet exploratoire "Mobilités sociales et spatiales des aristocraties locales" qui aborde la question de la mobilité, qu’elle soit sociale (ascension/descension sociale), géographique (migration, exil) ou politique. Le travail intègre une dimension multigénérationnelle en suivant les familles étudiées sur la longue durée, autant que le permet la documentation.
OBJECTIFS
Ce projet s'intéresse à travers les formes antique et moderne de la domination territoriale en Provence à l'analyse des processus à l’œuvre dans la configuration des réseaux spatialisés élaborés par les familles détentrices de pouvoir (aristocrates et notables gallo-romains, nobles et seigneurs d’Ancien Régime) à l’échelle des territoires qu’elles investissent en interrogeant les dynamiques individuelles et familiales.
MÉTHODE
La comparaison temporelle, entre Antiquité et âge moderne sur un espace commun, permet d’historiciser l’approche de ces dynamiques de pouvoir. Le recours aux outils cartographiques et informatiques apporte un éclairage nouveau en expérimentant des méthodes innovantes de traitement de ces données, complexes et souvent lacunaires.
Cette approche diachronique, de l’Antiquité à nos jours, s'appuie sur une riche documentation textuelle et épigraphique et en particulier pour la période moderne, sur le riche corpus des testaments provençaux et des choix d'élection de sépulture, à partir des archives notariales et des registres paroissiaux d’Ancien Régime.
En ce qui concerne la période moderne, les données sont beaucoup plus nombreuses et n’ont jamais fait l’objet d’inventaire ou de collection.
L’espace choisi comprend les sénéchaussées de Digne, de Draguignan, de Toulon, d’Hyères, d’Aix et de Grasse.
Les données doivent être compilées (visites de terrain, archives), complétées, organisées et traitées au sein de bases documentaires informatisées grâce au logiciel PUCK couplées à un système d’Information géographique.
Interdisciplinarité et partenariats
Ce projet a une approche transdisciplinaire (histoire, archéologie, géographie, informatique) et s'inscrit en prolongement de différents projets et dans des réseaux nationaux de recherche : GDR Mémoire (CNRS) et projet VECCAR (réseau national des MSH).
RESPONSABLE DU PROJET
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Valérie Piétri, MCF en histoire moderne, URMIS (Unité de Recherches Migrations et Société), Université Côte d'Azur
Elle s’intéresse à l’histoire de la modernité et est spécialiste de la noblesse sous l’Ancien Régime, en particulier la noblesse provençale.
PARTENARIAT
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Marie-Jeanne Ouriachi, CEPAM (Cultures et Environnements - Préhistoire, Antiquité, Moyen Âge), Université Côte d'Azur
Volet histoire et archéologie de l’Antiquité romaine. Traitement et analyse d’une base de données épigraphiques sur les inscriptions latines de colonies romaines et latines de Narbonnaise -
Fanny Cosandey, Élie Haddad et Antoine Roulet, EHESS Paris
Co-organisation d’un colloque international sur l’historiographie de la féodalité afin de faire le point sur l’état de l’art et de développer une réflexion épistémologique pertinente et informée -
Michaël Gasperoni, Centre Roland Mousnier (Centre de recherche en histoire médiévale, moderne et contemporaine), Sorbonne Université
Collaboration pour l’élaboration de bases de données relationnelles (logiciel PUCK - Program for the Use and Computation of Kinship data) - Séminaire de présentation du logiciel -
Dominique Andrieu, Géographe-cartographe dans la recherche en sciences humaines et sociales, MSH Val de Loire
Traitement des cartes anciennes concernant la Provence et la Narbonnaise au sein du projet VECCAR – Vectorisation des cartes anciennes (réseau national des MSH)
Résultats et valorisation
- Dépouillement partiel des fonds des archives départementales des Alpes de Haute-Provence (Digne) et des Alpes Maritimes (Nice) : testaments de la noblesse provençale
- Saisie dans la base de données (base de données relationnelle construite à l’aide du logiciel PUCK)
- Dépouillement partiel des archives départementales du Var
- Enquête de repérage de terrain des traces actuelles de ces lieux de pouvoirs (les lieux de résidence et de sépulture, bâtiments, inscriptions, monuments, tombeaux…) avec géolocalisation (SIG), afin d’élaborer des représentations cartographiques (cartes et analyses spatiales)
- Conférences
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Valérie Piétri, Noblesse et seigneurie : le cas provençal - Présentation du projet de recherche (volet histoire moderne) le 14 janvier 2022 dans le séminaire de l’EHESS Paris "Société et pouvoir à l'époque moderne" (co-organisation de F. Cosandey, R. Descimon, E. Haddad)
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Valérie Piétri, Féodalité et seigneurie en Provence à l’époque moderne : enjeux et problématiques - Une partie des résultats de l’enquête menée en 2022 ainsi qu’un travail historiographique approfondi ont été présentés lors du colloque international "Noblesse, féodalité, rapport à la terre : un questionnaire comparatif (XIVe-XIXe siècles)", les 6 et 7 octobre 2022 à Paris, co-organisé par Élie Haddad, Valérie Piétri et Antoine Roullet, et co-financé par l’EUR ODYSSÉE
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Valérie Piétri et Élie Haddad, Les familles nobles et leurs seigneuries : une transformation de la spatialisation des pouvoirs dans la France moderne, communication dans le colloque international Expressions territoriales du pouvoir, de l’Antiquité à l’époque moderne organisé les 21-23 juin 2023 à la MSHS Sud-Est (Nice) par Frédérique Bertoncello, Fanny Cosandey, Michaël Gasperoni, Élie Haddad, Frédéric Hurlet, Marie-Jeanne Ouriachi, Valérie Piétri et Laurent Schneider (hal-04240658)
- Résumé
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La possession de seigneurie est un élément fondamental du pouvoir de la noblesse sous l’Ancien Régime. Par ailleurs, la noblesse est diverse et le régime seigneurial est marqué par de nombreuses variations au sein du royaume de France.
Cette communication se propose d’aborder la question de l’expression territoriale du pouvoir seigneurial à partir d’un échantillon de familles appartenant à la haute et moyenne noblesse provinciale et qui se caractérisent par la possession de plusieurs seigneuries, ce qui nous permet d’analyser le rapport spatial que ces familles pouvaient avoir avec leurs territoires seigneuriaux à différentes échelles. À l’échelle d’une seigneurie, quelle perception avaient-elles de ce territoire, comment marquaient-elles l’espace de leur pouvoir ? À l’échelle de leurs possessions, comment concevaient-elles la dispersion ou la concentration de leurs seigneuries, le pouvoir qu’elles leur conféraient, parfois bien au-delà d’une seule province ? Avaient-elles une politique spécifique d’acquisition ou de conservation de leurs seigneuries et qu’est-ce que cela peut dire de la manière dont elles concevaient l’espace de leur pouvoir ? Enfin et surtout, quelles évolutions peut-on noter au cours de la période moderne dans la spatialisation de ce pouvoir seigneurial à ces différentes échelles ?
La communication comparera des familles de la France septentrionale et de la Provence, pour évaluer les éventuelles spécificités engendrées par deux histoires féodales, deux régimes juridiques et deux fondements de la possession seigneuriale différents.
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- Publications
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- Une publication dans les Cahiers du CRH est en préparation pour 2024