FEHERIC - FEmmes et HERItages en réCits : parcours d’émancipation entre France et Italie (1789-1917)

En quelques mots

Ce projet interdisciplinaire et comparatif propose une lecture alternative des luttes féminines du XIXe siècle, et ce grâce à la constitution d’un corpus de textes, écrits et lus par des femmes, en Italie et en France, dans la période 1789-1917, et grâce à la réalisation d’une cartographie permettant de visualiser les réseaux qu’elles constituent.

Projet Consortium de l'Axe 1

DATE : 2024

RESPONSABLE : Barbara Meazzi, CMMC

DISCIPLINES : philosophie, études italiennes, women's studies

MOTS-CLÉS : émancipation féminine, droit des femmes, héritage, femmes conférencières, récits, féminisme de la première vague, long Risorgimento, révolutions, histoire du féminisme

Description du projet


CONTEXTE

L’historiographie du féminisme occidental identifie une première « vague » centrée sur les revendications pour les droits politiques caractéristiques du XIXe siècle (Offen 2012 ; Lamoureux 2006 ; Bard 2012). À cette première vague, aurait succédé une seconde, commençant après la Seconde Guerre mondiale et se déployant pleinement dans les années 1970, seconde phase arrimée à l’acquisition des droits civils et à la réorganisation du travail jusque dans la sphère domestique avec, en particulier, la remise en cause du travail dit reproductif. La troisième phase des luttes féministes consisterait, enfin, en des revendications fondées sur la dénaturalisation du genre et sur la dénonciation de l’ethnocentrisme des phases antérieures.


OBJECTIFS

Les recherches menées au sein du consortium FEHERIC entendent vérifier l’hypothèse suivante : les luttes pour l’émancipation économique des femmes, ainsi que les revendications en faveur d’une organisation différente du travail, remontent non pas au XXe siècle, mais aux débuts du féminisme occidental moderne et, dans de nombreux cas, précèdent les combats pour les droits politiques. Les femmes se sont battues, dès le XIXe siècle, pour disposer de la capacité de conclure un contrat, d’hériter et de transmettre, de disposer de leur salaire et de leur patrimoine. Elles ont, dès le XIXe siècle, lutté pour que leur travail domestique et productif soit reconnu comme travail. Et elles ont même, pour certaines d’entre elles, mis ces revendications devant les réclamations en faveur du droit de vote.
Le consortium FEHERIC entend mettre en évidence une articulation inédite entre l’autonomie économique-patrimoniale et la participation politique, et ce en partant des voix des femmes. Autre enjeu du projet : il s’agira de mieux saisir les liens entre féminisme et émancipationnisme (Wilson 2019), grâce au partage des aires de spécialité respectives du consortium.


MÉTHODE

Ces objectifs seront atteints grâce à une recherche interdisciplinaire alliant, d’une part, la philosophie et l’histoire des idées et, d’autre part, les études littéraires pour développer une approche comparative originale entre la France et l’Italie :

  • constituer un corpus français et un corpus italien de textes écrits par des femmes au XIXe siècle et consacrés à la question de leur autonomie économique et patrimoniale, ainsi qu’à l’articulation entre droits civils et droits politiques
  • les confronter aux droits civils et économiques accordés aux femmes par les systèmes juridiques respectifs de ces deux pays

Cette approche d’histoire des idées s’enrichira, grâce au consortium, d’un travail basé sur la visualisation de réseaux, avec des logiciels gratuits et opensource comme Gephi et openstreetmap. Par des analyses qualitatives et quantitatives des relations entre femmes françaises et femmes italiennes, l'étude pondère l’influence du contexte national d’émergence par celle des discussions, des échanges, des correspondances, donnant à voir la circulation des idées de part et d'autre des Alpes.
Pour finir, en combinant une histoire des idées qui prend appui sur les humanités numériques et des études littéraires qui prennent appui sur l’analyse stylométrique, le consortium FEHERIC rendra possible le traitement de ce vaste corpus et cherchera à identifier, par exploration semi-automatique, les idées fondatrices de la pensée féminine occidentale du XIXe siècle.


Caractère interdisciplinaire


Le consortium FEHERIC se caractérise par une forte interdisciplinarité qui s’avère nécessaire pour explorer le thème complexe de l'émancipation féminine dans son articulation à l’indépendance économique et aux droits politiques, et ce de part et d'autre de la frontière franco-italienne. En combinant les domaines de la littérature, des arts, du droit et de la philosophie, ce projet offre une perspective multidimensionnelle sur le parcours des femmes depuis la Révolution française jusqu'à la Révolution russe de 1917. L'intégration du droit permet une analyse approfondie des cadres juridiques qui ont influencé les droits et les libertés des femmes à travers différentes époques et régions, tandis que la philosophie offre une réflexion critique sur les concepts de justice, d'égalité et de liberté individuelle. L’approche interdisciplinaire ouvre de nouvelles perspectives d'exploration des interactions entre les structures sociales, politiques, économiques, juridiques et philosophiques qui ont façonné l'expérience des femmes dans leur lutte pour l'autonomie économique. En intégrant ces différentes perspectives, le projet entend offrir un récit enrichi et nuancé de la quête des droits menée par les femmes entre la France et l'Italie. La comparaison de la situation entre la France et l'Italie est intéressant pour comprendre les nuances et les spécificités des luttes des femmes dans différents contextes culturels, politiques et sociaux, tout en soulignant les similitudes ; par ailleurs, cela aboutira au repérage de réseaux au sein desquels circulent les idées d’un pays à l’autre.

Interdisciplinarité et partenariats


Parce que le projet repose sur la conduite d’une recherche-action, il associe pleinement 5 types d’acteurs : des juristes, des sociologues, des spécialistes de santé publique ainsi que des travailleurs sociaux et des conseillers de la CAF des Alpes-Maritimes


RESPONSABLE DU PROJET

  • Barbara Meazzi, Professeur rattachée au Centre de la Méditerranée Moderne et Contemporaine (CMMC), Université Côte d'Azur
 
  • Mélanie Plouviez, Maître de conférence (HDR) en philosophie, rattaché à au Centre de recherches en Histoire des Idées (CRHI), Université Côte d'Azur

PARTENAIRES CONSORTIUM

  • Groupe de recherche en droit, économie et gestion (GREDEG)

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PARTENAIRES EXTÉRIEURS

  • Liens académiques : Mercedes Arriaga (Université de Séville), Antonella Cagnolati (Università di Foggia), Silvia Cavicchioli (Università di Torino), Sabina Ciminari (Université de Montpellier), Tania Collani (Université de Haute-Alsace), Azélie Fayolle (FNRS, Filixte, Université Libre de Bruxelles), Laura Fournier-Finocchiaro (Université Grenoble-Alpes), Liviana Gazzetta (Istituto di Storia del Risorgimento –Comitato di Padova), Paola Gobbi (Université Libre de Bruxelles), Justyna Łukaszewicz (UniwersytetWrocławski), Beatrice Manetti (Università di Torino), Elena Musiani (Università di Bologna), DanaPortaleone (Giunta per gli studi storici, Roma), Gabrielle Radica (Université de Lille), Paola Sica(Connecticut College), Cristina Vignali (Université Savoie Mont Blanc).
 
  • Liens institutionnels : Bibliothèque Nationale de France. Dans le cadre du projet PHILHERIT, un partenariat a été mis en place entre UCA et la Bnf pour la construction et le développement de la bibliothèque virtuelle BIBLIHERIT avec labellisation Marque Blanche.

Résultats et valorisation

L’impact sociétal du projet est important car la construction de ce type de mandatement numérique est aujourd’hui une des préconisations portées par le Haut Conseil du Travail Social dans un contexte de transition des pratiques professionnelles d’accompagnement des personnes vulnérables, laquelle a été souhaitée dans la Stratégie nationale de lutte contre la pauvreté, et relayée par la Défenseure des droits.

Le projet s'est engagé à l'automne 2023.

ANNEXES