Populations Paléolithiques, Plantes et Physionomie des Paysages au Pléniglaciaire (PANOPLI)

CONTEXTE

Les sociétés de chasseurs-collecteurs du Pléistocène, confrontées à des bouleversements climatiques majeurs, exploitant exclusivement des ressources sauvages et pratiquant un mode de vie essentiellement nomade, sont à la fois plus directement exposées aux transformations de l’environnement et plus aptes à s’adapter à ces dernières.
L’usage des plantes au cours du dernier maximum glaciaire il y a environ 20 000 ans, période caractérisée par une importante baisse de la biomasse végétale, n’a que très peu attiré l’attention des chercheurs, d’autant que les restes archéobotaniques sont souvent rares ou mal préservés sur les sites paléolithiques. Paradoxalement, l’accès au végétal dans le cadre de différentes activités quotidiennes ou saisonnières (chauffage, habitat, artisanat, alimentation) y est d’autant plus crucial et a pu fortement influencer les schémas d’implantation et les stratégies de mobilité.
Dans l’objectif d’engager un programme de recherche ambitieux à dimension internationale sur ces problématiques, PANOPLI vise à développer un cadre analytique ayant le potentiel de modifier radicalement notre perception de la relation des sociétés du Paléolithique supérieur au monde végétal :

• certains restes végétaux plus résistants que les autres, les charbons de bois et les phytolithes (particules d’opales de silice produites au sein de certaines cellules végétales), renseignent directement sur les environnements en place à proximité des occupations humaines et sur les végétaux utilisés
• les outillages en pierre taillée et en matières dures d’origine animale permettent d’identifier les outils qui ont pu servir à travailler des matières d’origine végétale

OBJECTIFS

PANOPLI s'intéresse à comment les populations se sont adaptées par le passé à un environnement changeant, avec deux objectifs prioritaires :

1. identifier les séquences et les corpus du dernier maximum glaciaire aptes à répondre à ces problématiques grâce à la présence d’assemblages archéologiques et archéobotaniques bien préservés et issus de contextes fiables et bien caractérisés
2. mener une approche intégrée exploratoire fondée sur la morphométrie et la chimie isotopique afin d’être en mesure de proposer des reconstitutions paléoclimatiques et paléopaysagères poussées visant à mieux comprendre les milieux d’implantation des groupes humains

MÉTHODE

PANOPLI aborde la relation au monde végétal via une approche originale : l’étude techno-économique intégrée des assemblages lithiques (pétroarchéologie, technologie, tracéologie, analyse de résidus), la caractérisation des ensembles archéobotaniques et l’analyse isotopique.

1. Le référentiel « SALIX » : une approche exploratoire
   Un premier élément clef de cette démarche est la constitution d’un référentiel contemporain de bois de saule carbonisé (approches expérimentales éco-anatomique et isotopique) pour servir d’une part à l'étalonnage des mesures isotopiques, et d’autre part à l'évaluation des variations individuelles des échantillons. La connaissance de ces variations sera transposée aux échantillons d’un certain nombre de sites de fouilles.
2. Le corpus « PALÉO » : identification des assemblages-clés et études pilotes
   Le second élément de la démarche consistera à identifier un corpus archéologique d’assemblages-clefs dans plusieurs sites de fouilles, en Corrèze, dans la Basse vallée du Rhône et en Italie du sud (Campanie et Pouilles).

Le travail a débuté en 2023 et est en cours.
Le projet et ses enjeux seront présentés au International Meeting of Anthracology en septembre 2023, et en fin d’année lors d'une conférence grand public de restitution du projet (Sciences pour Tous).

SUITE

Le projet PANOPLI préfigure un programme plus ample, engagé à terme dans des collaborations internationales et transdisciplinaires autour de l’étude techno-économique intégrée des assemblages lithiques (pétroarchéologie, technologie, tracéologie, analyse de résidus), la caractérisation des ensembles archéobotaniques et l’analyse isotopique. Son approche pluridisciplinaire vise à percevoir les rythmes et modalités des changements des pratiques techno-économiques et sociétales opérant à différentes échelles : des modifications dans les comportements techniques à la réorganisation des réseaux sociaux ou des mobilités.