Récits des mobilités et des migrations (RéMMi)

En quelques mots

Ce projet Consortium vise à réaliser et diffuser des récits de mobilités et de migration, ayant eu lieu dans des contextes historiques et géographiques divers, à partir de différents documents (archives, entretiens) et sur différents supports (productions académiques, œuvres de fiction et performances artistiques).

Projet Consortium des Axes 1, 2, 3 et 4

DATE : 2023

RESPONSABLE : Yvan Gastaut, URMIS, EUR ODYSSÉE

DISCIPLINES : sociologie, sciences politiques, histoire, anthropologie, géographie, droit et histoire du droit, sciences des médias, arts de la danse, arts plastiques

MOTS-CLÉS : récits, mobilités, migrations, Alpes Maritimes, État, frontières, France, Europe, Outre­mers, réfugiés, exilés, expatriés, rapatriés, artistes, média, danse, arts, solidarités

Description du projet


CONTEXTE

Ce projet s’inscrit en droite ligne des activités développées dans le cadre de l’Axe 3 « Mondialisations, circulations, altérités » de l’Observatoire des migrations dans les Alpes Maritimes (MSHS Sud-Est).
Des historiens, historiens du droit, sociologues, anthropologues et des chercheurs en sciences politiques, en collaboration avec des acteurs institutionnels et associatifs, s’attachent à retracer, reconstruire, dire et analyser les formes et les catégories de migrations et de mobilités (migrations économiques, de refuge, familiales, étudiantes, touristiques, etc.).
Il s’agit ainsi de réfléchir à la manière dont sont mis en récits différents aspects du processus migratoire : migrations artistiques, cadre législatif, dispositifs techniques et administratifs, relations de pouvoir, ambiances des lieux et des espaces dédiés à « l’accueil » et à la gestion des mobilités (camps d’enfermement, institutions d’accueil ou d’accompagnement public ou associatif). Les récits sont variés en fonction de la multiplicité des acteurs : migrants eux-mêmes dans l’action ou après l’expérience migratoire, militants, personnels administratifs, douaniers, policiers, journalistes, élus, chercheurs, artistes et administrateurs culturels, etc. Les trajectoires de ces différents acteurs sont à mettre en perspective par rapport à leurs pratiques et leurs productions.


OBJECTIFS

Ce projet vise à produire et réaliser, dans le domaine des migrations et des mobilités, des ouvrages académiques collectifs, des articles et coordination de revues scientifiques, une conférence finale, mais aussi un roman graphique, un ouvrage sur les récits d’artistes en exil, un documentaire radiophonique, des exposition et des performances artistiques sous diverses formes, explorant ainsi de nouvelles méthodes de diffusion du savoir, notamment par ces modes d’expressions littéraires et artistiques
À moyen terme, le projet vise à se placer dans une perspective de renforcement des partenariats avec les universités étrangères pour un dépôt de projet européen qui intégrera la dimension « SUD ».
L’originalité du projet réside particulièrement dans la façon dont les équipes de recherche mobilisent des techniques de recueil de données inédites afin de proposer une grille de lecture alternative dans le champ des mobilités et des migrations, centrée sur les différents acteurs concernés par ces domaines et à destination aussi bien des mondes académiques, associatifs que du grand public.


MÉTHODE

Le projet s'adosse à une démarche méthodologique transversale et variée (mise en récits par le biais des entretiens, d’usage de l’audiovisuel notamment de la photographie, de la bande dessinée, de la littérature, du journal intime, des médias, de la main courante, du recours aux archives écrites ou orales tels les documents administratifs et publics) et à des échelles d’investigation différentes : Alpes Maritimes, France, Europe, Méditerranée, Outremer, Mexique.
Il est structuré autour de huit "Work Pages (WP)" regroupés en trois axes d’études :

1) Mobilité socio­spatiale des migrants et catégories politiques de dénomination : le cas des Alpes­ Maritimes

  • WP1 -  Parcours, vécu et mobilités socio­spatiales des migrants reconstitués à travers les archives - collaboration de Riahd Ben Khalifa (Université de Tunis), Yvan Gastaut (URMIS) et Piero Galloro (Université de Lorraine)
    -
    explorer les différentes manières de reconstituer des parcours migratoires, des années cinquante à nos jours, à travers des archives administratives (police et justice) et de médias et grâce une enquête orale rétrospective auprès d'anciens migrants résidents ce ce qui était le bidonville de la Digue des Français (deux espaces de baraquements informels dans les décennies 1960 et 1970­)
    - mettre en récit des processus d’accompagnement, d’encadrement et de contrôle des migrations
    - mettre en dialogue récits des parcours et pratiques administratives afin de mesurer les décalages dans les approches du fait migratoire en matière de point de vue et de ressenti

  • WP2 - Trace des politiques publiques et signification des catégories de dénomination des "rapatriés" d’Algérie - Bénédicte Decourt (ERMES)
    L’exploitation des archives (administratives, judiciaires et policières, archives de la presse, archives orales) permet aussi d'étudier les "rapatriés" d’Algérie après 1962 dans le département des Alpes­Maritimes, pour en venir à traiter de la problématique des significations et contenus des étiquettes ou  dénominations administratives attribuées à une population en migration, d’étudier la gestion de cette migration en évaluant les différentes politiques d’intégration mises en place dans le département et, à travers le recueil de témoignages écrits et oraux, rechercher comment cet exil partagé permet à ces communautés de prendre conscience d'une identité propre.

2) Trajectoires, productions et significations socio­politiques des pratiques d’artistes en migration

  • WP3 - Parcours d’artistes exilés, trajectoires et productions artistiques - collaboration de Christian Rinaudo (URMIS), Jean­-Baptiste Ganne (Villa Arson) et Julien Gaertner (UniCArts-­Direction de la Culture)
    Les déplacés, exilés ou encore rapatrié ont subi une mobilité "forcée". Des entretiens permettent de reconstituer des parcours de réfugiés ou d’artistes en exil en France et en Europe afin de mieux comprendre comment s’articulent leurs trajectoires artistiques et migratoires.
    Des structures d’accueil et d’accompagnement des artistes en exil, ainsi que des individualités accueillantes ou familles d’accueil sont aussi prises en compte dans les dispositifs d’enquête des chercheurs de ce projet, pour mieux comprendre les attentes de ces dispositifs et les décalages éventuels avec celles des artistes accueillis.
    Des ateliers performatifs réalisés par les artistes et entrepreneurs culturels parties prenantes des enquêtes seront proposés à un public large, notamment avec le concours d’UCArts­Direction de la Culture.

  • WP4 - Significations socio­politiques d’activités (danse, chorégraphie) des artistes en exil - Sarah Andrieu (URMIS)
    Il conviendra, ici, de travailler sur la « mise en mots » des parcours des artistes par le biais d’une méthodologie et technique de recueil de données de type « récits de vie » et de la constitution d’un corpus de récits tels qu’ils se donnent à lire et à entendre dans les médias (européens et africains) et sur les réseaux sociaux.
    La reconstruction de corpus de pièces chorégraphiques centrés sur les questions des migrations, de l’exil et des déplacements viendra mettre en évidence l’engagement politique des artistes exilés et installés en Europe au service des causes locales (pays d’origine).

  • WP5 - Significations sociales des pratiques culturelles et artistiques des communautés de l’outre­mer français dans l’Hexagone - collaboration de Laura Schuft et Jean-Christophe Gay (URMIS), Louis Brigand et Pauline Jezequel (Université de Bretagne Occidentale) et Caroline Blondy (La Rochelle Université)
    La mise en récit de mobilités peut aussi passer par la mise en scène des pratiques artistiques et culturelles, et les discours qui en découlent, en s’intéressant aux populations en situation de mobilité depuis les anciennes colonies de l’outre­mer français, notamment du Pacifique sud (Polynésie française, Wallis ­et ­Futuna, Nouvelle ­Calédonie) et de l’océan Indien (Mayotte).
    Peu étudiées, leurs expériences sociales, culturelles et administratives dans l’Hexagone s’approchent de l’expérience migratoire internationale, en dépit de leur nationalité française.

3) Territoires des migrations, mémoire de réfugiés et récits d’expatriés

  • WP6 - Les réseaux de solidarité au profit des exilés dans les frontières européennes - collaboration de Swanie Potot (URMIS), Marie Bassi (ERMES), ­Fabrice Rinaudo (Bibliothèque municipale de Nice) et­ Luca Queirolo Palmas (Université de Gênes)
    Le projet consiste à étudier les réseaux de solidarité à l’œuvre pour des populations exilées autour des frontières européennes (sur différents terrains, à Vintimille, Lampedusa, Lesbos et en Pologne) et faire connaitre les résultats des enquêtes menées, sous la forme d'un roman graphique à concevoir et faire éditer grâce à une collaboration entre chercheurs et artistes (scénariste et dessinateur)

  • WP7 - Mémoire des "évènements de 2015" des déplacés afghans et syriens en Mer Égée - collaboration de Efrosini Plexousaki (Université de la Mer Égée) et Swanie Potot (URMIS)
    Le Département d’Anthropologie Sociale et d'Histoire de l'Université de la Mer Égée met en place depuis 2017 un fond d’archives digitales sur "la crise des réfugiés de 2015­-16", centrée sur le passage des demandeurs d'asile par les îles de la mer Égée.
    Le projet vise à interroger la production de la mémoire du point de vue des réfugiés et des immigrés, majoritairement afghans et syriens, notamment en comparant des récits de passage à Lesbos et à Vintimille.

  • WP8 - Récits de l’expérience migratoire et reconfigurations identitaires des « migrants privilégiés » dans les sociétés coloniales et post­coloniales - collaboration de Valérie Piétri (URMIS),­ Arnaud Bartolomei et Xavier Huetz de Lemps (CMMC), Vanina Benci (CMMC/URMIS), Marvin Gonzalez (CMMC) et­ Hélène Homps (directrice du Musée de la Vallée de Barcelonnette)
    Cette partie du projet s'intéresse à des périodes historiques plus anciennes, afin de rassembler un corpus aussi vaste que possible de « récits de soi » rédigés par des membres provençaux et basalpins des catégories privilégiées (nobles, marchands, bourgeois...) ayant quitté la France métropolitaine dans les périodes d’ouverture des empires coloniaux (à la charnière des XVIIIe et XIXe siècle).
    Une étude ciblée de ces récits pourrait apporter des éclairages inédits sur les reconfigurations identitaires liées à l’expérience migratoire et mettre à l’épreuve le concept de migration privilégiée pour décrire des sociétés pré­ industrielles.

Interdisciplinarité et partenariats


Ce projet réunit, dans une dynamique collaborative et pluridisciplinaire, des chercheurs de différentes branches des sciences sociales.


RESPONSABLE DU PROJET

  • Yvan Gastaut, maître de conférence, Laboratoire URMIS (Unité de Recherches Migrations et Société), Université Côte d'Azur

PARTENAIRES CONSORTIUM

  • Observatoire des Migrations : Swanie Potot (DR CNRS), Yvan Gastaut (MCF), Marie Bassi (MCF)

  • URMIS : Yvan Gastaut (MCF), Abdouramane Mangane (IR), Alban Fournier (IE), Christian Rinaudo (PR), Sarah Andrieu (MCF), Valérie Piétri (MCF), Laura Schuft (MCF), Jean-Christophe Gay (PR), Swanie Potot (DR CNRS)

  • ERMES : Bénédicte Decourt (MCF), Marie Bassi (MCF)

  • CMMC : Arnaud Bartolomei (MCF), Xavier Huetz de Lemps (PR), Vanina Benci (doctorante CMMC/URMIS), Marvin Gonzalez (doctorant)

  • Villa Arson : Jean­Baptiste Ganne, Jérôme Mauche

  • UniCArts-­Direction de la Culture : Julien Gaertner

PARTENAIRES EXTÉRIEURS

  • Université de Tunis (TUNISIE) : Riadh Ben Khalifa (MCF)

  • Université de l'Égée (Mytilène, GRÈCE) : Efrosini Plexousaki (assistant PR), Theodora Lefkaditi (post-doctorante), Papataxiarchis Evthymios (PR)

  • Université de Gênes (ITALIE) : Luca Queirolo Palmas (PR)

  • Université de Lorraine : Piero Galloro (PR)

  • Université de Bretagne occidentale : Louis Brigand (PR), Pauline Jezequel (doctorante)

  • La Rochelle Université : Caroline Blondy (MCF)

  • Musée de la Vallée – Barcelonnette : Hélène Homps (directrice)
     

Résultats et valorisation

Le projet s'est engagé à l'automne 2023.

ANNEXES