Décoration intérieure

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Si l'extérieur du Château emprunte pour l'essentiel au Moyen-Age, l'intérieur fait référence pour sa part à un XVIIIème siècle rococo mis au goût du XIXème. L'opulence de l'ornementation (ors, stucs, marbres, lambris, peintures, bronzes) renvoie aux conventions décoratives des grandes demeures de l'aristocratie. Des réminiscences néo- classiques tendent à rappeler le décor des salons de Saint-Pétersbourg. Le premier étage, dit " étage noble ", a conservé un décor quasiment intact.

La cage d'escalier du Château
A gauche d'un hall habillé de miroirs, on accède à un escalier de marbre aux ferronneries travaillées d'acanthes et de pampres. Rampe, candélabres, médaillons, plafond richement orné d'entrelacs et de rosaces, sont une ré-interprétation du style rocaille Louis XV. D'une largeur relativement étroite par rapport aux proportions que laisse supposer l'extérieur du Château, cet escalier conduit aux salons de réception du premier étage.

Les salons de réception - La " Salle des Actes "
L'actuelle " Salle des Actes ", où se déroulent les Conseils d'Université, correspond à l'ancien Grand Salon. Le " Petit Salon " (actuel bureau de la Présidente) et l'ancien " Salon de Musique " (reconverti en espace bureaux) constituaient une superbe enfilade en façade Sud.Même s'il possède des éléments communs avec les deux salons contigus (parquet marqueté, stucs blancs et dorés, pilastres corinthiens, vastes miroirs cintrés, trumeaux, portes richement décorées à double battant), le Grand Salon constitue véritablement la pièce maîtresse du Château. A l'égal d'un foyer de théâtre, son plafond s'orne d'une spectaculaire allégorie due à un peintre qui travailla pour l'Hôtel de Ville de Paris, le Palais de Saint-Cloud, le Palais du Prince Narychkine à Moscou : Pierre-Victor Galland (1822 - 1892). Il s'agit ici de " Uranie, muse de l'Astronomie et d'Erato, muse de la Musique"  (1869). La couronne de lauriers brandie par Euterpe était (fortuitement !) annonciatrice des lauriers universitaires ... Raffinement fortuit, là aussi, la muse de l'Astronomie était destinée à surplomber les Conseils de l'Université de Nice, en brandissant une sphère armillaire, symbole prédestiné pour un Campus Sciences ! Autre symbole qui ne doit rien au hasard : la couronne d'étoiles d'Uranie renvoie à la course des astres et à cette fameuse étoile chère au Baron, que l'on remarque sur le phylactère déployé par le chérubin au-dessus d'Euterpe, accompagnée des mots sybillins : "Un jour"... C'est en peintre précurseur du dessin ornemental de plantes (développé plus tard par Guimard et Horta) que P. V. Galland a mis en relief le rameau d'olivier aux côtés de la lyre d'Erato - l'olivier, symbole antique de la paix, plus prosaïquement rattaché à l'or et à l'amour pendant le Moyen-Age. Cette allégorie est prolongée à ses deux extrémités par deux médaillons en grisaille représentant le mythe d'Amphitrite et de Poséidon, que l'on retrouve sur les vases entourant le Bassin aux Cygnes. La cheminée en marbre, avec sa lourde ornementation de guirlandes et de chérubins ardemment enlacés, symbolise un décor qui entend concilier opulence notoire et grâce souriante.

L'ancien Salon de Musique
Finement décoré de stucs et de dorures, comporte à l'Est une partie en exèdre percée de trois baies cintrées. Le plafond en rotonde est superbement orné de médaillons avec des chérubins musiciens en haut relief. Malgré le caractère profane d'une telle décoration, cette partie du salon aurait rempli occasionnellement les fonctions de chapelle.

Le Petit Salon
Situé en parallèle du Salon de Musique et à la suite du Grand Salon, frappe par la répétition du même profil de femme en médaillon, soit une douzaine de fois...Par une décoration soignée où l'on retrouve guirlandes, chérubins, symboles musicaux (tel un violon dans l'écoinçon du plafond), cheminée à cariatides et trumeaux, tout concourt à faire de ce salon un cadre lumineux et raffiné. La fameuse étoile du Baron y serait-elle absente? Non... elle apparaît dans les motifs géométriques du parquet. En prolongement du Petit Salon et donc à l'extrémité sud-ouest de cette enfilade se trouve l'ancien Bureau du Baron Von Derwies (actuellement Cabinet de la Présidence). Il conserve un imposant décor de boiseries, avec cheminée et cariatides en bois, lambris, plafond à caissons. Le "D" de Derwies surmonte la baie ouverte sur le soleil couchant et le rivage maritime, au loin. Les cariatides en bois évoquent d'ailleurs des figures de proue, telles que pouvait les apprécier un homme qui avait beaucoup voyagé pour arriver à bon port...

La Salle à manger
Contigüe au Grand Salon, l'ancienne Salle à manger (datée 1868) est habillée de lambris en bois foncé complétés par des stucs en trompe-l'oeil, de manière à surprendre les invités par la transition entre une pièce plutôt sombre, donnant l'apparence d'être toute en boiseries, et les brillants salons d'apparat. Deux grands paysages italianisants décorent toujours les murs. Afin de ne pas être incommodé par les odeurs et l'agitation des cuisines, le Baron avait fait installer celles-ci, non pas au rez-de-chaussée ou au sous-sol, mais dans les combles. Le service ne perdait néanmoins rien en rapidité, grâce à un système de wagonnets sur rails aboutissant au monte-plats... Les portes ornées de motifs de gibier donnent accès à ce qui fut le vestibule d'entrée du théâtre.

 

Le Théâtre
La salle de Concert, reconvertie en salle de Théâtre deux ans après son achèvement, pouvait accueillir 300 à 400 spectateurs. Sa reconversion actuelle en salle de cours, avec estrade et faux plafond, ne doit pas faire oublier qu'elle était destinée à satisfaire les mélomanes les plus exigeants, dont le Baron Von Derwies en premier lieu. Il existe deux accès principaux : par la cour du Château et le couloir débouchant sur la salle elle-même (entrée actuelle, datée 1869), mais surtout par la grande porte extérieure située en prolongement de la terrasse panoramique (face à la BU). Il s'agissait à l'origine d'une véritable entrée d'honneur, avec tapis rouge et laquais habillés à la mode Louis XV. Malgré ses petites dimensions, le vestibule du Théâtre constitue une véritable pièce d'apparat par sa luxueuse ornementation stuquée, annonciatrice d'une salle de Théâtre propre à susciter l'admiration... A l'égal d'un prologue d'opéra, il donne la tonalité d'ensemble : vastes miroirs, double porte monumentale ornées notamment de la symbolique propre au Baron Von Derwies (étoile, coeur, heaume ailé), surmontée d'un cygne aux ailes déployées (le cygne de Lohengrin plus que celui de Léda), plafond orné d'un vaste médaillon représentant la muse Erato jouant de la harpe près d'un chérubin , dans des tons pastels rose, bleu et crème similaires à ceux du plafond de la loge du Baron. Le spectacle commençait entre ces portes lorsque l'on annonçait d'une voix solennelle : " Son Altesse... ". Au bas du très large escalier de marbre, les portraits en médaillon d'albâtre des architectes Grimm et Makharov font les honneurs d'une salle de concert reconvertie en salle d'opéra dès 1873. Cet espace rectangulaire de 200 m² alliait l'intimité d'une salle privée aux qualités acoustiques et techniques d'une véritable salle de spectacle. Les machineries en bois et les cintres à décor comptaient parmi les plus perfectionnés de l'époque et constituent aujourd'hui encore un exemple d'autant plus rarissime que l'ensemble est demeuré dans l'état d'origine. La cage (ou fond) de scène, restaurée dans les années 1995, a été reconvertie en espace d'exposition avant de devenir polyvalente. A l'exemple de l'Opéra de Bayreuth, l'orchestre (de 35 à 50 exécutants) prenait place dans une fosse aménagée sous la scène. L'unique loge, accessible depuis l'extérieur, était réservée aux Von Derwies. Cette loge, dont le plafond s'arrondit en coupole, a conservé son décor peint d'époque, divisé en panneaux initialement tendus de velours bleu. Les préférences musicales du Baron sont clairement symbolisées par les deux visages en médaillon situées sous la loge : Rossini et Beethoven... Des visages féminins moins reconnaissables, mais que l'on peut probablement attribuer à des cantatrices alors célèbres, ornent également les murs. Un décor de stucs, avec chérubins, instruments de musique et volatiles, rompt la monotonie des murs, percés de larges baies aux vitres dépolies et sérigraphiées.


Le Petit Château
Avec ses panneaux peints de paysages et de bouquets, ses vastes miroirs en trumeaux encadrés de pilastres et ses chérubins en haut-relief placés dans les écoinçons du plafond, la cage d'escalier possède un caractère très décoratif annonciateur de la " Belle Epoque "... On ne peut s'empêcher de penser qu'une telle cage d'escalier, relevée d'une balustrade à larges volutes, a été prévue pour que des élégantes se mirent complaisamment avant de rejoindre leurs appartements attitrés. On sait notamment que " la " Dumbar-Schultz, célèbre prima donna de l'époque, a passé toute une saison à Valrose et figurait parmi les principaux légataires du Baron. A l'étage, la " Salle Von Derwies " conserve un décor de lambris de bois et une double porte à balustres qui témoignent à la fois d'un travail très soigné d'ébénisterie et d'une recherche d'acoustique, propice aux vocalises.


Textes et photos d'archives : Dominique Laredo