Parc botanique
... je te raconterai les plus beaux jardins que j'ai vus André Gide, Les Nourritures terrestres (1897)
Origines
Les nombreux oiseaux qui peuplent le Parc ne s'y trompent pas : en plein coeur urbain d'une agglomération de 350 000 habitants, Valrose constitue une véritable étape écologique. Les chercheurs du Laboratoire d'Environnement végétal terrestre de l'UNSA y ont répertorié 167 espèces arbustives et plusieurs centaines d'espèces herbacées. En 1866, les dix hectares de "Vallon des Roses" achetés par le Baron Von Derwies sont alors plantés d'oliviers, de vignes et d'orangers. Quelques beaux oliviers sont préservés mais les vignes laissent place à un riche agencement paysager. Le Parc est en effet la résultante d'une savante articulation de plusieurs jardins, destinés à surprendre le regard tout en conciliant la juxtaposition des espèces et des essences. Palmeraie, jardins à la française et à l'anglaise, roseraie, plantations exotiques et forestières... L'éclectisme de la fin du XIXème siècle règne sur Valrose et en fait un Parc "daté".
Le goût pour une végétation sombre et touffue prédomine, mais avec une triple propension : classicisme avec les réminiscences versaillaises des parterres, vases, bassins, statues et volées d'escaliers symétriques ; exotisme orientalisant avec le kiosque émergeant des plantes grasses et des palmiers ; romantisme avec les fausses ruines surgissant de la verdure, les sentiers ombragés et les points de vue choisis. Cette alliance réussie des trois styles est due à Joseph Carlès, également assistant d'Edouard André pour la conception des Jardins du Casino de Monte-Carlo.
Le goût pour une végétation sombre et touffue prédomine, mais avec une triple propension : classicisme avec les réminiscences versaillaises des parterres, vases, bassins, statues et volées d'escaliers symétriques ; exotisme orientalisant avec le kiosque émergeant des plantes grasses et des palmiers ; romantisme avec les fausses ruines surgissant de la verdure, les sentiers ombragés et les points de vue choisis. Cette alliance réussie des trois styles est due à Joseph Carlès, sans doute conseillé par Edouard André.
De 1869 à 1913, Carlès est régisseur de Valrose, rejoint par Waldimir Fabrikant (qui lui succèdera) et d'une centaine de jardiniers... Il ne fallait probablement rien de moins pour veiller sur un gazon nécessitant 7 000 kg de graines par an ! Pour rassembler les plus belles espèces méditerranéennes, Carlès se rend à Bordighera, Florence, Gênes et commande des plantes exotiques en Afrique, dont certaines sont destinées au jardin d'hiver, constamment chauffé à 21 °. Les roses ? Carlès en plante "partout, de toutes les espèces connues, certains rosiers atteignent dix mètres de hauteur" ! OEillets, héliotropes, glycines, marguerites, camélias côtoient, entre autres, eucalyptus, magnolias, palmiers, agaves, citronniers, cerisiers, orangers, micocouliers, cèdres et sapins... Avec sa massive silhouette nordique, le Château se détache donc sur une végétation dense et persistante, où le pin noir d'Autriche voisine avec le cèdre de l'Atlas et le palmier des Canaries. Raffinement extrême du Baron, qui a choisi une étoile pour emblème, le Château est bâti dans l'axe de l'étoile de Vénus, qui est non seulement la déesse de l'Amour et de la Beauté, mais aussi la déesse italique des Jardins...
Etat actuel
Si l'aspect des jardins se modifie sensiblement à la suite de la période d'abandon des années 1940 - 1960 et de la transformation du parc privé en campus universitaire, un effort de préservation est cependant maintenu. Dès l'installation de l'Université de Nice, en 1965, une opération de réhabilitation est menée par deux botanistes, Melle Bulard et M. Allier, sous l'égide de M. Baptiste, architecte. Débroussaillage, restructuration, plantation d'essences nouvelles ont lieu durant deux ans. Trente ans plus tard, une nouvelle opération de réhabilitation est proposée par M. Allier, alors Directeur du Laboratoire d'Environnement végétal terrestre et auteur d'une plaquette illustrée sur "Les arbres du Parc Valrose" (1996). L'objectif est désormais d'enrayer l'appauvrissement ou disparition des espèces rares ainsi que la prolifération des espèces banales. Objectif toujours d'actualité pour un parc classé Monument Historique et dont le patrimoine botanique, au même titre que le patrimoine architectural, requiert des soins constants et d'importants investissements.
Malgré quelques vicissitudes, la végétation de Valrose demeure néanmoins l'une des plus variées des parcs de toute la Côte d'Azur et regroupe harmonieusement les apports méditerranéens, tout comme ceux d'Europe centrale et orientale (venus même de Sibérie avec la Bergenia crassifolia). Parmi les spécimens les plus remarquables, on peut citer :
- un exceptionnel Yucca australis à l'Ouest du Château (sous la fenêtre de l'ancien Bureau du Baron)
- un Cyca revoluta de très grande taille près du Bâtiment de Chimie
- un superbe Ginkgo biloba femelle en contre-bas du Château, au spectaculaire feuillage doré en automne
- un cyprès du Tassili, espèce en voie de disparition, près du Petit Château
Plus accessoires mais très décoratifs en période de floraison :
- une somptueuse glycine en contre-bas du Château
- deux beaux rosiers anciens qui ont subsisté : côté Ouest du Château (en arrière du Yucca) et à gauche de l'escalier d'accès à la terrasse
- un Jacaranda ovalifolia à l'abondante floraison mauve (près du Bâtiment TP de Chimie).
Liste des principaux arbres du Parc Valrose (cités d'après l'ouvrage de Claude Allier)
1 - Ginkgo biloba (ginkgo, dit arbre aux 40 écus, au somptueux feuillage automnal doré - originaire de Chine)
2 - Cycas revoluta (originaire du Japon, exemplaire de taille exceptionnelle près du bâtiment de Chimie)
3 - Araucaria bidwilii (originaire d'Amérique du Sud)
4 - Pinus canariensis (Pin des Canaries)
5 - Pinus halepensis (Pin d'Alep)
6 - Pinus laricio / Pin noir d'Autriche / Pin de Corse
7 - Pinus pinea (pin pignon, pin parasol, originaire de Crète)
8 - Cedrus libani (cèdre du Liban ) / Cèdre de l'Atlas / de l'Himalaya / de Chypre
9 - Abies pinsapo (sapin d'Espagne)
10 - Cupressus sempervirens (cyprès) / cyprès de Lambert / du Portugal / cyprès du Tassili (très rare)
11 - Taxus baccata (if)
12 - Magnolia grandiflora (dédié à Magnol, Dr du Jardin Botanique de Montpellier)
13 - Cocculus laurifolius (originaire d'Inde)
14 - Laurus baccata (laurier noble ou laurier sauce)
15 - Persea indica (avocatier)
16 - Quercus ilex (chêne vert)
17 - Quercus pubescens (chêne pubescent, chêne blanc, rouvre)
18 - Ostrya carpinifolia (charme houblon)
19 - Corylus avellana (noisetier, coudrier)
20 - Betula verrucosa (bouleau verruqueux)
21 - Casuarina equisetifolia (filao, originaire d'Australie)
22 - Celtis australis (micocoulier)
23 - Ceratonia siliqua (caroubier)
24 - Robinia pseudacacia (robinier, appelé improprement " acacia ", carouge)
25 - Cercis silicastrum (arbre de Judée, aux fleurs lilas intense ; Judas se pendit à cet arbre, dit-on)
26 - Albizzia julibrissin (acacia de Constantinople, arbre de soie)
Albizzia lophanta (originaire d'Australie, introduit en 1803)
27 - Wistaria sinensis (glycine, très prisée en Chine et au Japon)
28 - Acacia dealbata (mimosa des fleuristes)
Acacia retinoides (mimosa résineux)
29 - Prunus cerasifera pissardii (prunier Myrobolan)
30 - Prunus laurocerasus (laurier-cerise)
31 - Sorbus domestica (sorbier-cormier)
32 - Erybotrya japonica (néflier du Japon)
33 - Acer oblongum (érable à feuilles oblongues)
34 - Eucalyptus globulus (eucalyptus)
35 - Brachychiton populneum (peuplier d'Australie)
36 - Olea europaea (olivier)
37 - Fraxinus ornus (frêne à fleurs)
38 - Platanus acerifolia (platane)
39 - Aesculus hippocastanum (marronnier d'Inde)
40 - Ailantus gladulosa (vernis du Japon)
41 - Ficus carica (figuier)
42 - Yucca australis (yucca, originaire d'Amérique centrale)
43 - Phoenix canariensis (palmier des Canaries)
44 - Phoenix dactylifera (palmier dattier)
45 - Trachycarpus excelsa (palmier originaire d'Asie centrale)
46 - Washingtonia filifera (palmier dédié à Georges Washington, originaire d'Amérique du Nord)
47 - Chamaerops humilis (palmier éventail)
Texte et photos d'archives : Dominique Laredo