du 17 avril 2023 au 21 avril 2023
Campus Saint Jean d'Angely
Le colloque "Archéométrie 2023", organisé par le CEPAM, se tient du 17 au 21 avril 2023 sur le Campus Saint-Jean d'Angély d'Université Côte d'Azur.
Description
Le GMPCA (Groupe des Méthodes Pluridisciplinaires Contribuant à l’Archéologie) a pour objectif de développer des recherches sur les méthodes pluridisciplinaires contribuant à l’archéologie en France et dans le monde. Cette association réunit des spécialistes appartenant à diverses disciplines contribuant à la résolution de problématiques archéologiques et d'histoire de l'art. L'interface de ces disciplines est appelée « Archéométrie ».
Son 24e Colloque Archéométrie 2023 se tient à Nice sur le Campus Saint-Jean d'Angély d'Université Côte d'Azur. Son comité d'organisation est composé de Léa Drieu, Claire Delhon et Martine Regert, du CEPAM (CNRS, UCA).
Son objectif scientifique est de faire le point sur l'avancement des techniques appliquées dans le domaine du patrimoine, de permettre à de jeunes chercheurs de présenter leurs travaux et de confronter les pratiques de la recherche en science du patrimoine en Europe et au-delà.
Partenaires
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CEPAM - Cultures Environnements Préhistoire, Antiquité, Moyen Âge
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Laboratoire Géoazur
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ICN - Institut de Chimie de Nice
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IPMC - Institut de Pharmacologie Moléculaire et Cellulaire
nformations pratiques
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Lieu du colloque :
Bâtiment Saint-Jean d'Angély 2,
Rue du 22e BCA - 06300 Nice - France
Le Site internet du Colloque Archéométrie
- Bilan du XXIVe Colloque d’Archéométrie
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par Léa Drieu, Claire Delhon, Martine Regert (CEPAM – UMR 7264 Université Côte d’Azur - CNRS)
Le XXIVe colloque d’archéométrie s’est déroulé à Nice du 17 au 21 avril 2023 sur le campus de Saint Jean d’Angély. Cette édition s’est tenue exceptionnellement un an après la précédente, suite à la pandémie de Covid-19, pour reprendre un rythme bisannuel, les années impaires, en alternance avec le colloque international d’archéométrie ISA (International Symposium on Archaeometry).
L’organisation a été portée par le CEPAM, en collaboration avec trois autres laboratoires de l’Université Côte d’Azur : GEOAZUR, ICN (Institut de Chimie de Nice) et IPMC (Institut de Pharmacologie Moléculaire et Cellulaire).
La manifestation a rassemblé 256 personnes, avec une grande diversité de profils : le colloque a attiré un grand nombre d’étudiants et de non permanents (56% du total), et des participants venant principalement de France, mais aussi d’autres pays (18% étaient affiliés à un laboratoire situé hors de France : Allemagne, Algérie, Autriche, Belgique, Danemark, Egypte, Emirats Arabes Unis, Espagne, Ethiopie, Etats-Unis, Grèce, Guatemala, Israël, Italie, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Suisse).
Un total de 83 communications orales et 106 posters ont été présentés au cours des cinq jours du colloque, avec une session unique permettant à chacun de suivre l’ensemble du programme.
La communauté de l’archéologie préventive était bien représentée, en particulier par l’INRAP, à travers la participation des agents INRAP à 16 communications orales ou par affiche et l’inscription de 5 personnels.
Le programme, disponible sur le site internet du colloque, a été organisé autour de quatre grandes thématiques proposées par le comité scientifique :
1) Trajectoires socio-économiques et interactions
2) Socio-écosystèmes : biodiversité, adaptations et trajectoires
3) Développements et renouvellements méthodologiques
4) Archéologie et Archéométrie en temps de crises
En s’appuyant sur les axes de recherches et les méthodes développées au CEPAM, des sessions originales ont été proposées au sein des thématiques 1 à 3, par exemple autour des systèmes alimentaires, des approches en ethnoarchéologie et archéologie expérimentale ou de la gestion des jeux de données. Par ailleurs, face au changement global, la thématique Archéologie et Archéométrie en temps de crises a permis de présenter de nouvelles voies pour appréhender le potentiel informatif et la question de la sauvegarde des patrimoines menacés ou au contraire révélés par les évolutions en cours.
La Session 1.1 « Approches multi-proxy, multi-échelle, multi-instrument... : décloisonner l’étude des chaînes opératoires de production et d’utilisation des objets pour restituer les gestes du passé » a rassemblé des travaux concourant au décloisonnement des études sur la production et la fonction des objets archéologiques (cercueils, mosaïques, céramiques, outils de broyage, haches, statuaire, industrie osseuse, etc.), en favorisant les approches multi-échelles, multi-instruments et/ou interdisciplinaires. Un accent a en particulier été mis sur les études fonctionnelles permettant de documenter les gestes du passé.
La Session 1.2 « De l’acquisition à la consommation : explorer les facettes des systèmes alimentaires » a mis en avant la diversité des proxies et des méthodes archéométriques (isotopes stables, analyses ostéologiques, archéozoologie, archéobotanique, approches moléculaires, ichtyologie, etc.) permettant d’explorer la complexité des pratiques alimentaires : denrées consommées, ustensiles et ressources utilisés pour leur acquisition, distribution, transformation et consommation, effet sur le corps humain, etc.
La Session 1.3 « Traces biologiques, chimiques et matérielles des mobilités et interactions humaines : qui, quoi, comment ? » avait pour objectif de rendre compte de la diversité des approches sur les questions de mobilité et d'échanges, et d’explorer les espaces de rencontre entre biologie et culture matérielle. Les présentations et posters de cette session ont exploré l'identité des groupes humains, et les différentes échelles de mobilité ainsi que des stratégies d'approvisionnement et de production, esquissant les contours de divers réseaux de circulation, d'échange et de commercialisation (produits ferreux, outils en pierre, céramiques, tombes mégalithiques, matières colorantes, alliages métalliques, etc.).
La Session 2.1 « Évolutions, fluctuations et basculements des écosystèmes passés : successions écologiques, forçages climatiques et anthropiques » a concerné l’étude des successions écologiques naturelles, des transformations liées aux changements climatiques ou environnementaux lents, des basculements brusques suite à des perturbations ponctuelles et de l’impact des activités anthropiques sur les écosystèmes. Elle s’est en particulier intéressée aux approches intégrées permettant de lever les verrous du registre archéologique, afin de mieux appréhender les interactions entre climat, paysage et écosystèmes passés, de mesurer le degré de résilience de ces derniers, et d’identifier des indicateurs de pression anthropique.
La Session 2.2 « Exploitation et gestion des ressources végétales et animales » a rassemblé des contributions scientifiques explorant les pratiques et stratégies de chasse, de pêche ou de cueillette, la domestication des plantes ou des animaux, les systèmes agropastoraux et les pratiques agraires, agroforestières et zootechniques, ainsi que les techniques de boucherie ou de traitement des végétaux, la pyrotechnologie et les pathologies animales.
La Session 3.1 « Gestion de jeu de données » a permis de questionner la manière dont nous exploitons et interagissons avec les jeux de données en archéologie et archéométrie. Différents contextes de recherche ont été présentés, permettant d’interroger les pratiques et les approches, dans le but de pouvoir réutiliser ces données sur le long terme pour produire de la sérendipité.
La Session 3.2 « Développements et nouvelles approches analytiques peu/non invasives » a réuni des contributions scientifiques faisant dialoguer plusieurs disciplines pour développer ou renouveler des approches analytiques permettant de minimiser la taille des échantillons nécessaire pour la prise de mesures. En étudiant une large palette de matériaux (céramiques, mortiers de chaux, bois, résines, os, parchemins, vitraux, pigments et colorants, métaux, silex, etc.), les travaux présentés ont ainsi permis de reconstituer l’origine, la nature, le parcours et les usages des objets et matériaux patrimoniaux tout en préservant l’intégrité de l’objet archéologique sur site ou au laboratoire.
La Session 3.3 « Faire, voir faire, analyser : les expérimentations et les enquêtes ethnographiques en archéologie » a rassemblé des contributions portant sur les protocoles expérimentaux et les méthodes d’enquêtes ethnographiques, questionnant comment ces approches peuvent dépasser les observations techniques pour contribuer aux réflexions socio-économiques et interrogeant les liens entre culture matérielle, gestes techniques et phénomènes culturels. Les présentations ont concerné divers types de matériaux (terre architecturale, outils lithiques, vitriols, bois et charbons, céramiques, minerais, alliages métalliques, céréales, etc.) et différentes méthodes d’exploitation de ces données (étude des chaînes opératoires, analyses physico-chimiques, études macro et microscopiques etc.).
La Session 3.4 « Méthodes de datation et chronologies » a réuni des études récentes en datations absolues et relatives, abordant aussi bien les dernières avancées technologiques, que les applications de la datation en archéologie. Les présentations ont concerné l’état actuel des méthodes de datation, leur utilisation en fonction des problématiques abordées, l’interprétation des résultats ou encore les problèmes de représentativité. Un accent a été mis sur les études multidisciplinaires et les développements techniques des méthodes de datation permettant de mieux contraindre la chronologie de séquences archéologiques et environnementales du Quaternaire.
La Session 4 « Archéologie et archéométrie en temps de crises » était dédiée à l’ensemble des crises que nous traversons actuellement, ou qui ont eu lieu dans le passé, et à leur impact sur les patrimoines culturels et environnementaux, à travers le prisme de l’archéométrie, qu’il s’agisse de transformer une catastrophe en objet de recherche, de prévenir les risques ou de développer des méthodes d’observation ou d’analyse novatrices. Les présentations ont été l’occasion de faire un point spécifique sur l’avancée des travaux liés à l’incendie de Notre-Dame de Paris, mais aussi d’évoquer la sobriété énergétique dans les recherches en archéologie et de témoigner de l’impact de la guerre en Ukraine sur le patrimoine et la recherche dans cette région.
Trois prix du poster étudiant ont été décernés par un jury composé de Claire Chanteraud, Yoann Chantreau, Philippe Lanos et Aurélie Tournié. Le premier prix du poster étudiant, financé par la Society for Archaeological Sciences (SAS), a été attribué à Emilie Brochard, doctorante au laboratoire PACEA, pour son poster « Support et instruments : les média de la gravure dans la grotte de Cussac (Dordogne, France) ». Du fait de la grande qualité générale des posters, deux prix spéciaux du jury ont également été décernés à Marie-Pauline Vignes (Evo-Eco-Paleo), pour son poster « L’industrie osseuse au Paléolithique moyen dans la moitié septentrionale de la France : approche multi-proxy (archéozoologie, taphonomie, tracéologie, protéomique) » et à Lindsay Mas-Normand (IMBE) pour son poster «Métabolique non-ciblée et réseau moléculaire : deux outils complémentaires pour la discrimination chimique des colorants jaunes naturels présents dans les objets patrimoniaux ».
Comme c’est la tradition, le colloque a été l’occasion de dévoiler le nom des lauréats du prix de thèse du GMPCA.
Pour le prix de thèse 2023 du GMPCA, 13 candidatures ont été reçues (11 d'universités françaises, 1 université européenne, 1 université extra-européenne).
Les lauréats sont :
Sammy Ben Makhad pour sa thèse "Stratégies de fertilisation des champs durant le second âge du Fer et la période romaine (VIe siècle avant notre ère - Ve siècle de notre ère) dans la moitié nord de la France, témoignage direct des restes céréaliers par l’approche biogéochimique", soutenue en 2022 au Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris (https://hal.science/tel-03953193).
Benjamin Keenan pour sa thèse "Molecular and isotopic indicators of demographic and environmental change in the Maya lowlands", soutenue en 2021 à McGill University, Montréal (https://mcgill.on.worldcat.org/oclc/1342593250).Le colloque s’est déroulé dans une ambiance chaleureuse et détendue et la météo niçoise a permis de prolonger les échanges au soleil au cours des pauses café et déjeuners. La soirée de gala au restaurant l’Union a offert un moment de convivialité autour de spécialités niçoises.
Les participants ont eu l’occasion de découvrir le patrimoine archéologique et historique de Nice avec 6 visites différentes proposées par le service archéologique de la métropole de Nice Côte d’Azur, les musées archéologiques de la ville de Nice, le département des Alpes-Maritimes et l’Université Côte d’Azur. Six groupes sont ainsi partis à la découverte de la Grotte du Lazaret, de la crypte archéologique de Nice, du château et du parc de Valrose, du vieux Nice et de la colline du château, du musée d’archéologie de Cimiez et du musée de Préhistoire de Terra Amata.
Ce colloque n’aurait pu avoir lieu sans l’ensemble des sponsors et partenaires qui ont contribué au financement et à l’organisation. Deux d’entre eux, la société HIROX et le réseau CAI-RN ont présenté leurs activités et leurs produits sur des stands dédiés tout au long du colloque. L’événement a également été financé par l’Université Côte d’Azur via les EUR CREATES et ODYSSEE, l’Académie 5 de l’IDEX Jedi, le CNRS via l’INEE et la MITI (chantier scientifique Notre-Dame de Paris), le GdR Bioarchéodat, l’INRAP, la Métropole Nice Côte d’Azur, et les sociétés GeoArchÉon, Paleotime et Archeodunum. Un comité d’organisation efficace, constitué pour l’essentiel d’étudiants et de non-statutaires du CEPAM, a assuré le bon déroulement du colloque et l’accueil des participants dans les meilleures conditions.
Ce colloque fut donc un succès. Il a en effet réuni un nombre important de congressistes, se situant dans la plage haute des participations pour ce type de manifestation, bien que le précédent n’ait eu lieu qu’une année auparavant. Les communications scientifiques et les posters étaient tous d’excellente tenue tant sur le fond que sur la forme. Les séances de questions furent nourries après chaque communication et les sessions poster ont été le lieu de multiples échanges, débats scientifiques et de mise en place de nouvelles collaborations. Tous les retours qui nous ont été faits étaient extrêmement positifs, que ce soit oralement pendant le colloque ou après par e-mail.
Cette expérience positive sera partagée par les porteurs de la prochaine édition qui pourrait avoir lieu à Rouen en 2025.
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Événement scientifique
financé par l'Académie 5
- AXES 2, 3 et 4 -