L'Académie 5 soutient le Festival Prophilia et la Journée d'étude "Philosopher avec et comme fiction"

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Publié le 28 mars 2024 Mis à jour le 28 mars 2024
Date(s)

du 30 mars 2024 au 11 avril 2024

Lieu(x)

Nice

prophilia bandeau
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Le Festival ProPhilia, du 30 mars au 11 avril 2024 à Nice, comprend une journée d’étude "Philosopher avec et comme fiction" les 3 et 4 avril 2024, ainsi que des conférences, expositions, ateliers philosophiques, concerts et rencontres.

Description

Le festival ProPhilia se déroule du 30 mars au 11 avril 2024, sur Nice.

Cette manifestation présente et prolonge l’engagement du projet ProPhilia soutenu par l'Académie 5, en faveur d’une philosophie publique à la fois accessible et exigeante. Mêlant concerts et exposition, médiations grands publics et événements universitaires, ateliers pour enfants et conférences pour tout âge, le festival vise à montrer l’actualité et la diversité de la pensée philosophique contemporaine.

Investissant plusieurs lieux de la ville de Nice, cette édition 2024 a pour partenaire le musée national Marc Chagall, la Villa Arson, Le Hublot, la librairie Les Parleuses, la librairie BD Fugue. Elle bénéficie du soutien du Centre de Recherches en Histoire des Idées (CRHI), de l’École Universitaire de Recherche Arts et Humanités, de l’Académie 5 Initiative dEexcellence d'Université Côte d'Azur et de la Ville de Nice (Comité Doyen Jean Lépine).

La Journée d'étude "Philosopher avec et comme fiction"

Cette Journées d’étude est organisée par Thomas Morisset (CRHI), avec le soutien du Centre de Recherche en Histoire des Idées, de l’EUR CREATES et de l’Académie 5 Initiative d'Excellence d'Université Côte d’Azur. Elle se déroule le mercredi 3 avril 2024 (9h-17h15) et le jeudi 4 avril (9h-12h30) à la salle de conférences (031) de la MSHS Sud-Est.

Intervenants : Sara Baranzoni, Michaël Crevoisier, Émeline Durand, Elsa Grasso, Yan Marchand, Morgan Morcel, Thomas Morisset, Sébastien Poinat, Jean Tain, Fanny Valeyre

Argumentaire


De l’hypothèse du Malin Génie au dilemme du trolley, en passant par le mythe de l’état de nature et les saynètes sartriennes, la philosophie produit des fictions au sein de ses textes les plus canoniques. Bien loin d’être de simples décorations, ce type de fictions, c’est-à-dire, pour parler comme Olivier Caïra, des récits verbaux possibles pour lesquels certaines contraintes de « recoupement documentaire » sont levées, peuvent constituer les clef de voûtes de l’argumentation dans laquelle elles sont incluses.

Davantage, la fiction est-même parfois le cadre du discours philosophiques : les dialogues de Platon ou de Diderot ont un contexte fictionnel qui n’est pas négligeable pour comprendre le sens philosophique du texte. Enfin, tout enseignant en philosophie connaît l’importance des fictions, inventées sur le vif ou longuement mûries, pour faire faire comprendre un concept aux élèves.

Néanmoins, dans tous ces exemples, il semble possible de différencier entre ce qui relève de la philosophie et ce qui relève de la fiction, comme si la seconde était un outil de la première, sans se confondre avec elle. D’où le trouble qui nous saisit devant un livre comme les Technofictions de Pierre Cassou-Noguès : le livre est un recueil de nouvelles, précédé d’une préface expliquant qu’il s’agit là bien d’une œuvre philosophique. Sans reprise théorique distincte, ce livre force à nous demander jusqu’à quel point écriture philosophique et écriture fictionnelle peuvent se mêler, voire se confondre.

Technofictions apparaît en fait comme l’exploration d’une des trois articulations entre fiction et philosophie proposée dans un texte antérieur, Mon Zombie et moi : l’hétérogénéité de la philosophie à la fiction, qui ne serait pour la première qu’un stock d’exemple ; la « philosophie dans la fiction » au sens où la fiction est la source tant des problèmes que des solutions de l’analyse philosophique ; une version plus radicale de cette dernière catégorie dans laquelle « le travail du philosophe aurait peut-être pu rester silencieux et consister seulement dans l’organisation, la mise en regard d’une série de fictions ».

Ces trois options engagent tant des méthodes de travail que des options différentes sur ce qui constitue la définition de la philosophie et du régime de vérité et de pertinence auquel celle-ci aspire. La journée d’étude entend explorer ces différentes articulations entre philosophie et fiction en partant de l’hypothèse suivante : ces articulations gagnent à être envisagées, non du seul point de vue théorique, mais en étant croisées avec la perspective pratique de la diffusion philosophique, parce que la fiction en philosophie joue à la fois un rôle de diffusion de la pensée et un rôle d’élaboration conceptuelle. On entend ici par diffusion philosophique le fait de donner accès à des non-spécialistes à une pensée et à une activité philosophique.

Ainsi quels enjeux philosophiques et politiques président au choix d’une forme fictionnelle pour la diffusion d’une doctrine, et non sa vulgarisation, comme les dialogues platoniciens ? Par exemple, qu’est-ce que cela fait au lecteur d’être exposé à l’existentialisme sartrien par La Nausée plutôt que par (ou en complément de) L’Être et le Néant ? Dit autrement, quels enrichissements et quelles torsions donnent à la pensée la diffusion de thèses de manière fictionnelle ? Et qu’est-ce qui fait d’une fiction qu’elle est philosophiquement réussie ? Est-ce uniquement sa teneur argumentative générale ou bien sa consistance esthétique particulière entre-t-elle dans cette réussite ?
L’enjeu ici est le statut de la particularité sensible des fictions : est-ce un moyen d’accès à la connaissance philosophique qui reste extérieure à celle-ci ou bien est-ce que se déploie, à travers la fiction, quelque chose comme une connaissance philosophique du particulier ? Chez Baumgarten, cette connaissance était séparée entre celle qui valait pour notre monde et celle qui valait uniquement à l’intérieur d’un monde fictionnel (hétérocosmique). Or, comment s’effectue cette délimitation ? La réflexion sur ce qui est possible et ce qui ne l’est pas qui, par là même, fait évoluer la limite entre ce qui relève de la « vérité au sens strict » et de l’hétérocosmique, n’est-elle précisément pas une tâche possible de la philosophie, particulièrement dans des situations de diffusion ? Cette question est d’importance pour comprendre la place de l’imaginaire fictionnel dans la conceptualité, par exemple dans l’appropriation imaginative de mythes comme ceux du cyborg, chez Donna Haraway, afin d’imaginer, et de diffuser largement, les possibles politiques à venir.

Le passage par la fiction apparaît bien en ce cas comme nécessaire, et non comme seulement complémentaire, à l’activité philosophique. La fiction peut-elle constituer un achèvement la pensée philosophique au sens où l’écriture, ou la traduction, de fictions, devient un geste philosophique qui met à l’épreuve un geste théorique ? Existe-t-il alors des concepts qui se prêtent particulièrement à une élaboration dans ces domaines fictionnels la littérature, les arts et les jeux ? L’un des intérêts pratique de cette discussion est d’interroger la pertinence de la recherche-création en philosophie, comme outil inséparablement de diffusion et d’élaboration conceptuelle.
 

Détail du déroulement des journées


Organisation

  • CRHI - Centre de recherches en histoires des idées, Université Côte d'Azur

en collaboration avec

Informations pratiques

  • Festival universitaire et ouvert au grand public
  • Lieu : Nice

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Date(s)
Du 30 mars 2024 00:00 au 11 avril 2024