Comment savoir si les investissements IDEX produisent les effets escomptés sur la dynamique des réseaux de collaboration scientifique, la productivité des chercheurs et les partenariats avec l’industrie ? C’est tout l’enjeu de ce projet de recherche interdisciplinaire qui s’affaire à répondre à ces questions en analysant les réseaux complexes de collaboration scientifique impliquant des chercheurs ayant reçu un fond Idex.
Les fonds Idex
Fin 2009, l’Etat lance le Programme Investissements d’Avenir. Ce Programme piloté par le Secrétariat général pour l’investissement (SGPI), ambitionne de relancer la croissance en modernisant les services publics dans un contexte international de plus en plus compétitif. Plus particulièrement, il s’agit de soutenir les acteurs de l'enseignement supérieur et de la recherche en France.
Dans le cadre de ce Programme d’Investissements d’Avenir (PIA), des dotations d’excellence nommées IDEX sont ainsi destinées à certains établissements de l'enseignement supérieur et de la recherche. Doté d’une enveloppe de 35 milliards d’euros, ce Programme vise à faire apparaître de grands pôles pluridisciplinaires d'enseignement supérieur et de recherche de rang mondial.
Pour cela, des crédits Idex sont octroyés pour soutenir l’émergence de projets à la fois innovants et ambitieux pour l’avenir. Plus précisément, ces dotations sont essentiellement fléchées vers l’emploi (de doctorant, post doctorant, stagiaire, etc.), et l’investissement (achat de gros ou petit matériel).
Pour obtenir une IDEX ou « Initiative d’excellence », un établissement doit, tout d’abord, être pré sélectionné à un Appel à Projet de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR). A la suite de cette première sélection, une période probatoire de 4 années en découle.
Au bout de ces 4 ans, la visite d’un jury international, sur site, est programmée. Il s’agit de faire un bilan des actions menées au sein de l’établissement durant cette période, et de justifier les fonds IDEX utilisés. En fonction de l’évaluation réalisée par le comité d’experts, l’attribution, de manière définitive, d’une IDEX est promulguée ou pas.
Le premier appel de l'ANR pour allouer ces fonds Idex a été lancé en janvier 2011 à travers son appel à projets IDEX I-SITE. Un second appel s’en est suivi en janvier 2016.
Le 22 janvier 2016, L’Agence Nationale de la Recherche (ANR) sélectionne 3 projets d’établissements dans le cadre son appels à projet IDEX I-SITE. Parmi ces projets, figure celui d’université Côte d’Azur (UCA), UCAJEDI.
Grâce à cette IDEX obtenue en 2016, Université Côte d’Azur se dote de moyens financiers supplémentaires, lui permettant de faire rayonnement les activités de recherche réalisées en son sein, d’accroître l'attractivité de ses formations, et de rendre plus visible la notoriété de son corps académique.
Jauger l’efficacité des financements publics avec impartialité
Le projet SNIF consiste à évaluer l’efficacité des dispositifs de financements publics sur le monde de la recherche.
Pour savoir si les investissements IDEX produisent les effets escomptés dans le milieu de la Recherche, des économistes, informaticiens, sociologues et gestionnaires se mobilisent.
Les crédits Idex n’encouragent pas seulement la compétition entre les universités en accordant à quelques-unes d'entre elles des ressources supplémentaires. Ces fonds publics remodèlent aussi, en profondeur, l'organisation des activités académiques. Ce remodelage vise à accroître, de manière significative, la qualité de la recherche, des programmes d'enseignement et des services des établissements de l’enseignement et de la Recherche.
Le développement de nouveaux réseaux de collaboration fait partie de l'un des facteurs au cœur de cette réorganisation globale. En effet, la promotion de nouvelles collaborations internationales et/ou interdisciplinaires est censée augmenter la productivité des chercheurs et les partenariats industriels.
SNIF est un travail de recherche qui projette de questionner la validité de cette approche : Est-ce que les financements octroyés favorisent réellement les collaborations scientifiques entre différentes équipes de recherche ? Universités ? pays ? et disciplines ? Est-ce que ces collaborations internationales et/ou interdisciplinaires augmentent elles vraiment la production scientifique et l’innovation (mesurée par les publications et brevets) ?
Pour mener à bien ce projet, 3 phases sont prévues sur une durée totale de 3 ans :
- La première phase consiste à analyser la dynamique des réseaux de collaboration scientifique afin d’étudier les comportements collaboratifs des chercheurs ayant disposé d’un fond IDEX.
Cette étape consiste à collecter des données quantitatives (publications, brevets) concernant, en autre, tous les chercheurs français ayant bénéficié de fonds IDEX.
- La seconde phase porte sur l’analyse qualitative des données obtenues via des entrevues semi-structurées avec des chercheurs impliqués dans les programmes IDEX.
Les entrevues porteront sur la façon dont les chercheurs perçoivent les changements qu'implique la mise en œuvre ces programmes, les défis soulevés par les collaborations interdisciplinaires en recherche, leurs motivations sous-jacentes à créer des réseaux scientifiques et le contenu précis de leurs échanges informels d'information.
- La dernière phase correspond à la diffusion des résultats de recherche lors de séminaires dans les principaux pays européens et américains.
Les chercheurs prévoient de présenter leurs résultats lors de séminaires de recherche dans les principales institutions européennes et américaines du domaine. Les institutions candidates sont l'Université de Bordeaux, l'EPFL, le CERSTINSEE, la KU Leuven, la Georgia State University, l'Université de Boston, le NBER (Cambridge, Massachusetts), et l'Université de Turin.
Les résultat de l’étude SNIF devraient également être présentés aux conférences suivantes : The Organization Economics and Policy of Scientific Research annuelle, la conférence DRUID, la réunion de l'American Economic Association, la réunion de l'Academy of Management (AoM) et la conférence de l'Université de Turin. Academy of Management Meeting (AoM). Un atelier international interdisciplinaire sera organisé pour diffuser nos résultats et accroître la visibilité internationale de l'UCA dans ce domaine.
Les principaux défis à relever
Ce projet favorise la recherche interdisciplinaire entre membres et partenaires d’Université Côte d’Azur.
L’équipe de SNIF, est en effet, composée d’économistes (GREDEG), d’informaticiens (INRIA, I3S), de sociologues (GREDEG) et de gestionnaires (SKEMA Business School). Une ambition affichée du projet est de structurer des collaborations scientifiques interdisciplinaires à long terme entre les membres d'Université Côte d’Azur pour étudier les réseaux d'interactions sociales dans divers domaines d'application.
Un autre objectif du projet SNIF est de mener de nouvelles recherches dans ces domaines scientifiques respectifs. Par exemple, les chercheurs membres de l'INRIA et de l'I3S devront développer de nouveaux algorithmes pour pouvoir analyser des graphes dynamiques de très grandes tailles.
L’Académie Systèmes Complexes finance ce projet pour environner le poste d’un doctorant en économie de la science (économétrie) et d’un post-doctorant en informatique (analyse des réseaux). Les salaires de ces jeunes chercheurs sont, par ailleurs, pris en charge par l’Académie “Réseaux, Information et Société Numérique et l’Ecole Universitaire de Recherche Digital System for Humans (EUR DS4H), en co-financement sur ce projet. |